Avec Xavier Dolan du côté québécois, le cinéaste le plus précoce en langue française est sans conteste Nathan Ambrosioni avec une premier œuvre à seulement dix-neuf ans! Cependant, sa jeunesse a probablement inspiré l’indulgence pour son premier film, « Les Drapeaux de papier », qui comprenait des défauts symptomatiques de nombreux premiers films ainsi que des maladresses. « Toni en famille », quelques années plus tard, le faisait vraiment rentrer dans la cour des grands avec un film bien plus abouti même s’il ne nous avait pas particulièrement passionné. Le jeune homme est clairement sur la pente ascendante avec ce troisième essai, « Les enfants vont bien ». Un drame beau, simple et entièrement maîtrisé. On ne lui reprochera que quelques longueurs et répétitions passé la première partie mais voilà certainement le vrai film de la maturité.


Il offre à Camille Cottin un nouveau rôle sublime après la mère courage de cinq enfants qu’on a pu voir dans « Toni en famille ». L’actrice semble être en confiance avec ce jeune réalisateur qui lui permet de donner le meilleur d’elle-même. Loin de la redite, il lui a proposé une prestation aux antipodes de la précédente puisqu’elle joue une partition de femme à l’autre bout du spectre. En effet, ici elle incarne une lesbienne célibataire, farouchement opposée à la maternité, carriériste et éloignée de sa famille. Et elle est ici tout aussi épatante. Avec naturel et confiance. Monia Chokri apporte également une belle douceur dans un second rôle apaisant tandis que Juliette Armanet s’essaie de nouveau à la comédie avec brio. Dans le rôle casse-gueule de la sœur en fuite que l’on ne verra que le temps de quelques séquences où on sent bien l’aspect démissionnaire, elle est impeccable. Mais là où « Les enfants vont bien » impressionne le plus c’est dans le casting de ses deux enfant, impressionnants de justesse.


Car, oui, peut-être est-ce son jeune âge mais Nathan Ambrosioni est un directeur d’enfants encore une fois très doué. Il a casté deux jeunes enfants proprement et simplement extraordinaires de naturel et de professionnalisme, notamment Manoa Varvat qui joue le jeune garçon. Les émotions qu’il transmet sont d’une puissance rare pour un enfant de son âge même s’il faut avouer que les jeunes comédiens dans les films sont de plus en plus doués. Le jeune cinéaste n’a pas son pareil pour reconstituer des moments d’enfance justes, crédibles et qui transpirent la véracité. Des instants pris sur le vif ou préparés mais qui, dans les deux cas, sonnent vrai. Dans la même lignée, il filme le quotidien de cette sœur dépassée par ce qui lui arrive avec une précision qui confine à la perfection. Tout nous apparaît crédible dans « Les enfants vont bien ». On capte le ressenti de ces enfants et de leur tante, les difficultés comme les joies, dans toute leur beauté et leur côté tragique. Et la fin, qui représente une page qui semble se tourner définitivement, est d’une belle délicatesse. Voilà un film bourré de sensibilité mais pas de sensiblerie qui frappe fort et juste.


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JorikVesperhaven
7

Créée

le 8 nov. 2025

Critique lue 80 fois

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Rémy Fiers

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