« We are peaceful creatures. We are happy to be here. » ZIRA

Les succès au box-office de Planet of the Apes en 1968 et de sa suite Beneath the Planet of the Apes en 1970 incitent le studio 20th Century Fox à commander au producteur Arthur P. Jacobs un nouveau film dans cet univers. Quelques mois après la sortie du deuxième film, Jacobs envoie à Paul Dehn, le scénariste du deuxième film, un télégramme lui demandant une suite. Le travail semble cependant insurmontable car dans le deuxième film, Paul Dehn a conclu son récit en faisant exploser le monde.

En cherchant à trouver une piste, Paul Dehn pense au vaisseau de George Taylor du premier film. Celui-ci lui donne l'idée que le vaisseau a été sauvé et réparé avant la destruction du monde. Il peut ainsi ramener les singes dans le passé et enchaîner avec une nouvelle aventure. C'est un changement majeur dans la série, car les singes deviennent maintenant les héros de l'histoire tandis que les humains deviennent les antagonistes. Dehn livre son premier scénario où les personnages de Zira et Cornélius accompagnés de deux autres singes quittent leur planète pour une autre dénommée Orion où ils découvrent une cité à population humanoïde. Dans un second temps, dans un deuxième scénario, Zira et Cornélius partent pour la Terre contemporaine où ils se retrouvent enfermés au zoo de Londres.

À la réalisation, la Fox engage un réalisateur expérimenté de la télévision, Don Taylor.

Le réalisateur Don Taylor travaille donc avec le scénariste Paul Dehn pour peaufiner le scénario. Ils reprennent de nombreuses scènes du roman original de Pierre Boulle : La Planète des Singes, mais en inversant les protagonistes comme en témoigne les tests que passent Zira et Cornélius, les mêmes tests que passe Ulysse dans le roman originel. Pour Paul Dehn, son travail avec Don Taylor sur le scénario est la meilleure collaboration qu'il a vécue.

N'avoir que trois singes et une histoire se déroulant en 1973 est parfait pour le budget du film, car cela permet de faire des économies de maquillages et de décors. Le studio 20th Century Fox ne donne que 2.500.000$ pour réaliser le film, encore moins que le précédent. Comme le deuxième film de la saga n'a pas eu autant de succès que le premier, le studio craint que ce troisième opus fonctionne encore moins bien, il limite donc partout les dépenses.

Comme le film se déroule dans un cadre contemporain, il nécessite peu de choses au niveau des effets visuels. De même, le vaisseau du film est celui qui a été créé par le superviseur artistique William Creber pour le premier film.

Bien que crédité comme concepteur des maquillages spéciaux, John Chambers, le créateur des masques des singes dans Planet of the Apes, ne participe que très peu au film. Il supervise alors un autre projet de la Fox. Ce sont en réalité Werner Keppler, Joe DiBella, Jack Barron et Verne Langdon qui supervisent les maquillages des trois chimpanzés du film. Kim Hunter reprend pour la troisième fois son rôle de Zira, tandis que Roddy McDowall revient sous le costume de Cornélius après son absence non remarqué dans le deuxième film. Pour compléter le trio de singe, c’est Sal Mineo en dessous le costume du Docteur Milo.

Jerry Goldsmith, compositeur de la musique du premier film, est de retour au pupitre. L'action étant contemporaine, il évite de répéter son travail précédent. Il opte pour des arrangements funk représentatifs des années 1970 et quelques sonorités très légères et entraînantes grâce au ton humoristique du premier acte.

Escape from the Planet of the Apes sort en mai 1971 et trois mois plus tard, chez nous, en France.

L'histoire suit Zira, Cornélius et le Docteur Milo, trois astronautes singes, venus du futur à bord du vaisseau du capitaine George Taylor, le héros du premier film. Confiés par l'armée américaine à deux psychologues animaliers, les singes se révèlent doués d'intelligence et dotés de la parole. Ils deviennent alors la coqueluche des médias et du public. Ils s'attirent également la haine du conseiller scientifique du président des États-Unis, Otto Hasslein, qui voit en eux une menace pour l'espèce humaine.

En effet, à leur arrivée sur Terre, les singes sont mis en cage et étudiés, comme ils avaient fait eux-mêmes sur l'astronaute George Taylor. En revanche, une fois leur intelligence supérieure prouvée, ils ne seront pas traqués comme Taylor mais célébrés par les humains. L'aspect dramatique du premier film étant ainsi remplacé par de la comédie. De par ce fait, le couple Zira et Cornélius devient très vite très attachant.

Le récit commence à tirer vers le drame quand on apprend la grossesse de Zira. Le docteur Hasslein, interprété par Eric Braeden, veut assassiner ce bébé pour que l’espèce des singes ne vienne pas à dominer le monde.

Le scénariste Paul Dehn et le réalisateur Don Taylor livrent avant tout une histoire d'amour. Et comme selon Taylor : une histoire d'amour se termine toujours mal, ils ont décidé de mettre une scène particulièrement dramatique avec la mort des deux amoureux Cornélius et Zira. Il s'agit d'une des rares comédies romantiques où son couple d'amoureux et leur bébé sont abattus de sang-froid.

L’histoire d’amour qu’on a partagé avec le couple de singe durant les trois films est très belle et se termine tragiquement comme tous les grands amoureux du cinéma.

Le film met également en place une forme particulière de voyage dans le temps : la boucle temporelle. Il met en évidence la forme cyclique du récit présent dans la saga. Dans ce film,  Zira et Cornélius deviennent les premiers ancêtres de la civilisation simiesque et deviennent, par cette boucle, également leurs propres ancêtres. De plus, tous ce qui est évoqué par Cornélius à propos de la chute de l'humanité reprend les éléments des deux premiers films de la saga. Ce que Cornélius explique à propos de l'émergence de la civilisation simiesque, donne également un aperçu des scénarios des deux films suivants. Le Docteur Hasslein pense pouvoir casser la boucle temporelle en empêchant le futur de se réaliser. L’idée de changer de manière proactive l’avenir est présente dans le film à travers ce personnage visionnaire qui fustige l'inaction des dirigeants et de la population face aux menaces de la pollution et de la surpopulation, mais tout de qu’il va faire, c’est précipité la chute de sa race.

Le film traite évidement aussi du racisme bien que Don Taylor affirme ne pas avoir voulu insister sur cet aspect. En effet, bien que l'attitude du Docteur Hasslein soit détestable, sa logique est implacable : il exécute de sang-froid Zira et son enfant car il a la certitude que le sympathique couple de singes entraînera la chute de la civilisation humaine. C'est du simple calcul politique. L'acteur Eric Braeden compare d'ailleurs son personnage à l'homme politique controversé et promoteur Henry Kissinger. Le Docteur Hasslein se défend d'ailleurs devant Zira et Cornélius en affirmant qu'il n'y a ici « aucune discrimination de race ».

C’est une mission totalement réussi pour Don Taylor et Paul Dehn avec leur budget ridicule. Leur travail en commun, et très apprécié des deux protagonistes, sur le scénario cohérent, intéressant et surprenant relance mon intérêt pour la saga.

StevenBen
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Créée

le 20 janv. 2023

Modifiée

le 13 mai 2024

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Steven Benard

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