C’est un Jacques Audiard tout juste auréolé d’une palme d’or (Pour le très discutable Dheepan) qui s’en va tourner un western en Espagne, bien que l’action se déroule en Oregon, en 1850. Il part avec John C. Reilly (C’est lui qui est à l’origine du projet) et Joaquin Phoenix, qui incarneront donc les frères en question, deux tueurs à gages, mais aussi avec les chercheurs d’or qu’ils traquent, campés par Jake Gyllenhaal et Riz Ahmed. Casting quatre étoiles, en somme.
Si le film manque clairement de souffle, tant il est tout en introspection, peu dans la démonstration – C’est quasi de la psychanalyse entre cow-boys – et qu’il manque de passion, tant il est verrouillé dans sa dynamique, on s’y attache au fur et à mesure, proportionnellement à l’intérêt qu’on porte à son couple de frangins, d’abord longtemps antipathiques avant qu’ils ne deviennent de beaux personnages, tout en rancœur et mélancolie, jusque dans ce magistral final en forme de retour aux sources désenchanté.
Il faut donc s’armer de patience, ce qui n’est pas si difficile puisque l’image est belle et qui dit western, dit déplacement, chevaux, grands espaces, feux de camp, et qu’Audiard restitue cela à merveille. Il faut alors prendre comme ils viennent les quelques sublimes instants qui jalonnent le récit, notamment ce point culminant d’union insolite et nocturne, face à des tireurs embusqués puis dans une récolte d’or, séquence magnifique. C’est pas sans défauts, mais c’est le plus beau film d’Audiard depuis Un prophète, pour moi.