Après une Phase 4 trébuchant (très) fréquemment sur ses multiples projets, et un triste démarrage de la Phase 5 avec le très médiocre Quantumania, le MCU bénéficie enfin d'un bon film, le meilleur depuis Infinity War.
J'ai trouvé fascinant de constater que le film partageait pas mal le même cahier des charges que Quantumania avec un soupçon de Love & Thunder. Sur le papier ce GotG3 paraît aussi générique que les précédents produits Marvel et pourtant : ce troisième opus prouve que cette franchise dans la franchise qu'est cette bande de misfits reste, à bien des égards, vraiment unique au sein du MCU.
Il y a cette touche, au niveau de l'humour certes mais surtout du traitement des personnages qui rend l'expérience tellement plus agréable. C'est fou ce gouffre qualitatif dans le traitement d'un Peter Quill ou d'un Rocket face à celui de Scott Lang et sa bande dans AM3, et même des persos de seconde voire troisième zone bénéficient d'un semblant d'intérêt, sans parler d'un casting qui émule les sentiments de ses persos de façon bien plus convaincante grâce à une meilleure direction, une meilleure gestion des moments clés, une plus grande attention aux arcs des protagonistes.
À chaque passage du cahier des charges il y avait ce truc, ce petit ajout tel la muscade dans un bon gratin dauphinois qui transformait mon indifférence grandissante en soudaine émotion.
Même constat au niveau de l'antagoniste, similairement posé mais fou à lier comme avait pu l'être Kang, sauf que l'écriture de son perso, son temps de présence, la démence parfois à la limite du cabotinage mais ô combien plus captivante de Chukwudi Iwuji et les véritables horreurs dont il est l'auteur tout au long du film font du Maître de l'évolution un des meilleurs méchants du MCU.
Ça ne signifie pas que Gunn et le film s'en tirent à chaque étape obligatoire, et s'il y en a bien une que je n'apprécie toujours pas après l'avoir déjà subi dans Thor 4 et une moindre mesure Quantumania, c'est la ribambelle d'enfants dont le traitement est survolé et le rôle dans l'intrigue totalement forcé. J'imagine que pour les exécutifs, montrer des enfants aussi inutiles soient-ils, c'est augmenter les chances de rendre un produit adapté pour ces derniers même lorsqu'il ne devrait pas l'être - parce qu'on va pas se mentir, je ne montrerais pas ce film à un enfant de 7 ans.
Côté visuel c'est exactement ce qu'AM3 a échoué à faire. Ça grouille de décors et personnages loufoques, mais la direction artistique est davantage mise en valeur ici. Il y a même une touche quasi horrifique avec ce bestiaire hybride et, bien que le film use de ces artifices plus facilement sur des créatures tout droit sorties des enfers en CGI, il reste tout de même drôlement violent et graphique. Pour un Marvel il est curieusement chargé sur le plan visuel.
In fine, passé le sempiternel tour de manège Marvelien, je retiens tout de même beaucoup de chouettes chose de ce troisième opus des Gardiens. La chance à un réal qui, à défaut de contribuer à des histoires de qualité, parvient à les sublimer en apportant sa touche là où il peut ; en dehors des grandes lignes solidement protégées par le Saint cahier des charges. Il a compris qu'on ne peut rien faire des inévitables et imbuvables bullet points scénaristiques, mais il a également saisi que la substantifique moelle de ce genre de produit c'est ses personnages et ses univers : si on y accorde suffisamment d'importance, la plus tiède des soupes peut alors passer pour le plus gourmet des repas.