Goonies never gets old

Les Goonies est basé sur une idée de Steven Spielberg, mais vu qu'il n'a pas particulièrement envie de se taper l'écriture ni la mise en scène, il va donc faire appel à Chris Colombus pour le scénario et à Richard Donner pour la réalisation.

Chris Colombus, qui a démarré sa carrière sur les chapeaux de roue puisqu'il est responsable du scénario de Gremlins, succès international à sa sortie, s'attèle à la tâche et développe l'idée de Steven Spielberg avec un certain enthousiasme qui se ressent dans le produit fini.
Il développe donc cette chasse au trésor d'un pirate légendaire menée par une bande de jeune dans leur patelin d'Astoria, petite ville de la cote ouest des USA. Pour pimenter tout ça, il y ajoutera une bande de repris de justice hauts en couleur qui voudront eux aussi leur part du trésor. Colombus s'inspirera de son enfance pour caractériser tout ce petit monde.

Richard Donner pour sa part s'attaque à un genre cinématographique de plus après l'horreur avec The Omen, le film de super héros avec Superman, et la Fantasy avec Ladyhawke. Il poursuivra son exploration des genres en faisant un des buddy cop movie définitif sur base d'un scénario de Shane Black avec l'arme fatale, ou un Western rigolard avec Maverick.

Les Goonies est un film qui s'adresse avant tout à le jeunesse, et autant le dire, il vaut mieux avoir regardé le film avant ses quinze ans pour le voir et l'apprécier dans des conditions optimum.
J'avais le bon âge lors de ma première vision de la chose et j'avais, comme de juste, adoré.
En le revoyant plus tard, j'avais par moments serré les dents à cause du malaise que j'éprouvais face à certaines parties du spectacle un peu désuet qui se déroulait devant moi, la nostalgie à laquelle je suis pourtant souvent sensible ne parvenait pas alors à effacer les nombreux défauts du film.
Mais étrangement, lors d'une récente nouvelle expérience il y a quelques semaines, je me suis laissé à nouveau emporter par le film et les réserves que j'éprouvais lors de mon précédent visionnage se sont dissipées pour laisser place, si ce n'est à l'émerveillement, au moins à un bon moment devant un film d'aventure des plus sympathiques. C'est surement dû au fait que le décalage entre mes souvenirs enjolivés de l'expérience qu'a été le film dans mon enfance et mon regard d'adulte s'était déjà produit lors de mon précédent visionnage.

Et donc The Goonies est un bon petit film d'aventure, et même un classique du film pour gosses des années quatre-vingt. S'il est réussi, c'est surtout parce que les mioches n'y sont pas bêtement édulcorés en étant représentés comme des adultes miniatures! Non, ici, ils jurent comme des chartriers, se balancent des fions à longueur de film, hurlent de manière insupportable à tout bout de champ,... bref se comportent comme des gamins. Quand t'as onze ou douze ans, ça compte et tu ne t'y trompe pas! Pour une fois on essaye pas de te vendre les gamins proprets auxquels tous les parents aspirent. Non! Ils ressemblent à ta bande de potes ces Goonies. Tu sais, ces gars dont l' imagination est sans borne lorsqu' il s'agit de décrire par le menu la manière dont ils vont s'occuper de ta mère.

Les jeunes acteurs son très à leur affaire avec un Sean Astin assez méconnaissable mais qui tient le rôle principal de la bande avec déjà un sacré talent, Corey Feldman dans le rôle de la grande gueule qui apparaitra dans tous les films de gosse de l'époque de Gremlins à The Lost Boys en passant par Stand by me, Un Josh Brolin en grand frère déjà balaise, et Ke Huy Quan qu'on avait dejà vu dans Le Temple maudit dans le rôle de demi-lune qu'on retrouve ici avec plaisir dans le rôle de Data. Martha Plimpton qu'on connaît surtout pour ses apparitions au côté de River Phoenix dans Mosquito Coast et à bout de course, ainsi que pour une carrière assez brillante à Broadway, et Kerri Green qu'on connaît pour pas grand chose d'autre ajoutent la touche féminine indispensable à la bande de potes. Jeff Cohen y incarne le gros de la bande, forcément trop gourmand et à l'imagination fertile. Il ne fera plus rien après ce rôle, car, declara-t-il non sans humour, il était arrivé immédiatement au sommet avec le rôle de Choco et sa carrière ne pouvait que décliner par la suite; autant donc prendre sa retraite en pleine gloire! A ce casting de gamins s'ajoute Joe Pantaliano, Robert Davi, et Anne Ramsey qui affichent leurs plus belles tronches de repris de justice pour incarner les Fratelli, méchants bien benêts et portrait d'une famille dysfonctionnelle où les deux frères se disputent comme des gosses tout au long du film et vivent sous la domination d'une mère tyrannique. Le casting est complété par John Matuszak, un ancien footballeur américain dans le rôle de Sinoque.

Le film déborde de générosité et multiplie les péripéties pour que les gosses se sentent comme au parc d'attraction: une exploration de souterrains, des pièges, des gadgets idiots, des toboggans, un monstre sympa, des méchants bandits débiles , un orgue squelette, une grotte secrète inondée où attend un bateau de pirate et un fabuleux trésor! Bref, tout ce qu'il faut pour passer une bonne après-midi ou une bonne soirée à rêver aux grandes aventures qu'on peut vivre quand on est gamin, et qui peut donner envie, même à un grand dadais de 42 ans de partir à la chasse au trésor oublié de pirates sanguinaires.

Je m'en voudrais de ne pas citer un excellent doublage qui, une fois n'est pas coutume, rend le film peut-être encore plus amusant en français qu'en anglais (même si les deux versions se valent).

Alors, bien sûr les Goonies n'est pas un grand film, et ça ne vole pas toujours très haut, mais ça vole tout de même assez haut pour être à la hauteur de rêves d'enfants et c'est tout ce qu'on lui demande. C'est un divertissement honnête et sincère qui parle particulièrement bien des (et aux) gamins, et reste très sympathique à regarder.

Autant de qualités qui suffisent largement à ce que de nombreuses têtes blondes continuent encore longtemps à partir à la recherche du trésor de Willy le borgne dans la ville d'Astoria en compagnie des Goonies.