Culte !

Il semble presque superflu de présenter Les Griffes de la nuit, tant ce film est devenu une œuvre incontournable de la culture populaire. Il y a bien sûr le célèbre Bogeyman « Freddy Krueger », l’homme au visage brûlé et au gant qui arbore de longues lames à la place des ongles (sans oublier le fameux pull rouge et vert). Il y a aussi le principe même du film : un cauchemar qui s’immisce dans le réel.

Dans ce film Wes Craven choisit d’être au plus près d’un groupe de jeunes à la manière de Vendredi 13 (Sean S. Cunningham, 1980) sorti quelques années plus tôt. Et comme dans Vendredi 13 ou Halloween (John Carpenter, 1978), un tueur sévit dans le groupe. Seulement, contrairement à ces films, on ne peut pas échapper au tueur en question car son terrain est celui du rêve, c'est-à-dire que la victime se retrouve coincée en quelque sorte dans elle-même, dans le domaine de son intimité qui est celui du rêve. On trouve d'ailleurs plusieurs figures de l'enfermement dans le film : les personnages sont souvent filmés pris dans des cadres de portes et de fenêtres, on trouve aussi une cellule de prison, des barreaux sur la maison de l'héroïne.

On remarquera quelques scènes marquantes parmi les mieux maîtrisées de la filmographie de Wes Craven : la silhouette qui sort du mur, la scène de bain (qui est en fait une reprise que Craven avait déjà essayé dans Deadly Blessing), les scènes de meurtres… Il y a quelque chose de parfait quand on revoit encore aujourd’hui le film qui est incontestablement une réussite en plus d’être passé à la postérité comme définitivement culte, et qui assure à Wes Craven de ne jamais être oublié, au même titre qu’un Hitchcock ou qu’un Tobe Hooper. On regrettera toutefois les nombreuses suites (non réalisées par Wes Craven) qui ne seront pas toutes à la hauteur du premier film, jusqu’au dernier film de la saga, réalisé à nouveau par Wes Craven comme un retour aux sources (ou une conclusion définitive pour en stopper enfin la franchise ?) qui annoncera le commentaire du cinéma d'horreur de Scream.