Les Infiltrés est indéniablement un polar musclé et superbement mis en scène. Martin Scorsese, en adaptant le film hongkongais "Infernal Affairs," revient à ses thèmes de prédilection : la mafia, la violence, la trahison et la perte d'identité.
La Forme :
- La maîtrise technique de Scorsese est évidente. Le rythme est soutenu, le montage est sec, et la musique, notamment l'usage des Rolling Stones, donne une énergie électrique. Boston, avec sa pègre irlandaise, offre un cadre sombre et crédible.
Les Acteurs :
- Le casting est un atout majeur.Jack Nicholson en parrain Frank Costello est terrifiant et imprévisible.Leonardo DiCaprio (Billy Costigan) et Matt Damon (Colin Sullivan) sont excellents dans leurs rôles d'hommes pris au piège de leurs doubles vies, bien que l'on puisse regretter un manque de subtilité dans la caractérisation par rapport à l'original.
Le Problème : Manque de Subtilité et Longueurs
- Là où le film pêche, c'est dans sa gestion du temps et son incapacité à s'éloigner de son matériau de base :
Le Remake :
- Le film suit fidèlement la trame d'origine, mais avec une emphase plus lourde sur la violence et le dialogue. Là où l'original jouait sur la finesse psychologique et l'économie de moyens, Scorsese opte parfois pour une démonstration de force qui dilue l'angoisse et la confusion des personnages. On sent que le film est plus long que nécessaire (2h31), ajoutant des éléments qui n'apportent pas toujours une grande profondeur.
La Psychologie :
La descente aux enfers de Billy Costigan est palpable, mais les motivations profondes et les dilemmes moraux des personnages sont souvent sur-expliqués et traités avec moins d'ambiguïté que souhaité. Le suspense fonctionne, mais on anticipe rapidement la direction du récit, notamment la révélation des taupes.
La Marque Scorsese :
- Bien que ce soit un excellent film de genre, il apparaît dans la filmographie de Scorsese comme un exercice de style très maîtrisé, mais moins viscéral et personnel que ses chefs-d'œuvre précédents ("Les Affranchis," "Taxi Driver").
Conclusion :
Les Infiltrés est un polar divertissant et intense, soutenu par une réalisation sans faille et des interprétations mémorables. Néanmoins, il souffre de quelques longueurs et d'un traitement parfois trop didactique de son intrigue complexe. Il est très bon dans son genre, mais reste un cran en dessous des sommets atteints par son réalisateur et par son modèle hongkongais.
Note finale : 6/10 (Un bon film à voir, mais pas l'œuvre majeure qu'une partie de la critique a encensée).