Les Mondes de Ralph
6.7
Les Mondes de Ralph

Long-métrage d'animation de Rich Moore (2012)

Si les Walt Disney Animation Studios ont été relativement discrets durant l’année 2011 avec la sortie timide de Winnie l’Ourson, c’était surtout pour préparer le terrain pour leur rencontre inédite avec le monde du jeu vidéo. Entre les contes de fées et le retour à la planche à dessin, John Lasseter veut voir plus grand et faire entrer la firme vers une ère contemporaine. L’arrivée de Rich Moore en 2009 va répondre à cet appel et accoucher de Wreck-It Ralph.


Mais le film va surtout enfanter d’une campagne marketing risible en misant toute la publicité sur les guest-stars en pagaille, Sonic, M. Bison, Pac-Man etc… Les gamers déchanteront à la sortie du film en salles, leurs personnages préférés n’étant pour la plupart présents que 5 secondes à l’écran. Une vilaine déception pour tous les geeks mais un immense soulagement pour les autres qui n’avaient aucune envie de voir un trip nostalgique d’une heure et demi.


Car Les Mondes de Ralph s’adresse aussi bien à un public s’étant usé les pouces sur les bornes d’arcade qu’à de jeunes néophytes. Les joueurs sont installés dans une zone de confort pendant les premières minutes où les clins d’œil aux plateformes de l’époque s’enchaînent pour qu’ensuite l’histoire s’émancipe et n’aille piocher dans tel ou tel jeu que pour l’inspiration. À l’image du héros quittant sa vieille résidence pour aller vers l’inconnu.


Ralph est le premier vrai adulte dépressif du studio occupant un rôle principal et force est de constater que le pari est réussi, ce méchant codé étant plus ou moins le Shrek de Disney mais avec une colère plus maintenue que son rôle ne l’exige. Morose et broyant du noir, sa solitude ne va s’atténuer que lorsque son périple va l’amener à faire connaissance avec Vanellope. L’apparition de cette fillette est salutaire puisqu’elle redynamise le récit et l’optimise.


Si son premier acte jouait sur un ton monocorde malgré les gags visuels et les caméos, Les Mondes de Ralph change de stratégie au bout d’une trentaine de minutes en apprenant à son personnage principal comment revivre. Son plaisir n’est pas là quand il détourne les parties, il n’est présent que quand il suit les règles (la fabrication du Kart le certifie) mais à condition que chacun fasse un effort sur soi. L’important n’est pas la fonction qu’on occupe mais ce qu’on a en soi. Une morale passant en douceur et parfaitement rattachée au thème du jeu vidéo.


Sans être aussi beau et détaillé que Raiponce, Les Mondes de Ralph collectionne les petites idées visuelles malignes telles les projections (fumée, eau) variant de forme selon les niveaux visités (juste dommage que le monde réel n’ait pas un character design plus réaliste) et présente des univers riches en trouvailles et références qui évitent la redondance crainte.


Défi relevé! Centrant l’attention sur la psychologie de ses personnages et non sur les allusions aux figures mythiques du jeu vidéo, Les Mondes de Ralph est un très chouette film d’animation réussissant à rendre un bel hommage aux programmes vidéoludiques et à créer sa propre identité. On aimerait que le voyage au cœur du système électronique s’étende. Et il s’étendra avec un deuxième opus.

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le 25 juil. 2017

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Walter-Mouse

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