1945, la seconde guerre mondiale vient de prendre fin et pour les soldats américains le moment est venu de retourner au pays et de constater comment les choses ont bien changé en leur absence. Trois d'entre eux s'étant rencontrés dans l'avion les ramenant chez eux, vont se lier d'amitié et se soutenir dans ce retour à la vie civile qui va s'avérer plutôt mouvementé.

Le premier d'entre eux est un capitaine d'aviation du nom de Fred Derry (Dana Andrews) envoyé sur le front européen pour bombarder les villes aux mains des allemands. De retour, il tentera de conjuguer traumatisme de guerre et tentative d'ascension professionnelle tout en questionnant son mariage, sa relation avec sa femme, Marie Derry (Virgina Mayo) étant remise en question après la longue période qui les a séparés.

Le deuxième de ces soldats se prénomme Al Stephenson (Fredrich March), un sergent de l'infanterie ayant combattu dans le pacifique. Dans le civil il est père de famille ainsi que banquier et devra accepter que ses enfants ont bien grandi en son absence, particulièrement sa fille, Peggy Stephenson( Teresa Wright), qui va connaître ses premiers amours ; tandis que professionnellement il va être nommé responsable des prêts accordés aux anciens combattants.

Le dernier Homer Parrish (Harold Russell) s’était enrôlé dans la marine, lui aussi sur le front pacifique, il s'est malheureusement retrouvé amputé des deux mains, remplacées par des crochets, et devra apprendre à vivre avec les regards des passants, mais aussi ceux de ses proches. Persuadé notamment que sa fiancée, Wilma Cameron (Cathy O'donnell), qui lui était promise, ne souhaite plus au fond d’elle se marier avec lui.

Et même si je ne vais pas trop me pencher sur ce sujet, il faut relever que chacun des acteurs principaux du film joue son rôle à la perfection, rôle qui semble avoir été fait sur mesure pour lui.

D'ailleurs il est important de préciser que le réalisateur, William Wyler, a plus ou moins conçu le rôle d'Homer Parrish après avoir vu Harold Russell jouer dans un film de l'armée intitulé “Diary of a Sergeant" s'intéressant à la réhabilitation des vétérans de guerre, puisqu'en effet dans ces deux films Harold Russell incarne plus ou moins son propre rôle ; l'homme ayant réellement perdu ses deux mains au cours de la guerre. Un rôle qui conduira l'acteur à se voir décerner un oscars d'honneur ainsi que l'oscar du meilleur acteur dans un second rôle (parmi les 9 oscars que se verra décerner en tout et pour tout le film). un rôle ajoutant également par la même occasion énormément de réalisme au film et le rendant encore davantage pertinent pour témoigner des difficultés des soldats à faire leur retour dans la vie civile.

Par conséquent, ce qui marque assurément le plus dans ce film c'est sa précocité ; sorti à peine plus d'un an après la fin de la seconde guerre mondiale, le film ose parler sans détours des multiples conséquences de cette guerre ; que ce soit le manque de reconnaissance chez les civils de ce que signifie faire la guerre, la difficulté à retrouver un emploi et à recommencer/reprendre sa vie, le manque d'argent, le stress post-traumatique, la difficulté d'intégration pour les mutilés/grands blessés de guerre et l'acceptation que beaucoup de choses ont pu changer en votre absence.

De plus, il aborde également des thèmes qui feront l'objet dans les années qui suivront de débat des plus vifs. Le fils d'Al Stephenson interroge ainsi, en passant, son père sur ce qu'il a pu voir des bombardements nucléaires, s’exprimant ensuite sur la dangerosité de telles armes.

Un peu plus tard un homme se permet de suggérer devant nos compères que les USA auraient mieux fait de se mêler de ce qui les regardait ou de s'allier aux nazis et japonais pour faire face à l'URSS. Laissant présager le conflit à suivre qu'allait être la guerre froide.

Sous couvert d'histoire d'amour et de scènes comiques plus légères plutôt bienvenues. “Les plus belles années de notre vie” est un film plutôt en avance sur son temps. S'il ne parle pas directement de la guerre - il faudra attendre encore quelques années pour ça - il en dresse toutefois les conséquences de manière détaillée avec réalisme et pertinence.

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le 29 juil. 2022

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