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Au grill, s’il y a bien un débat qui persiste, c’est celui de savoir quand Sofia Coppola retrouvera son aura. Alcide vous dira, une batte de baseball à la main, qu’elle le possède toujours, moi je suis intimement convaincu qu’elle l’a définitivement perdu entre les 30 dernières minutes de « Marie Antoinette » et la fin des 15 premières de « Somewhere » tandis que Callahan se tapisse fébrilement dans un coin en se demandant comment elle a pu s’attaquer à une histoire magnifiquement immortalisée sur la pellicule par le duo Siegel/Eastwood.


Bref, jamais notre rédaction n’avait aussi bien cristallisé l’attente et les doutes que suscitent le nouveau film de la réalisatrice de « Lost in translation ». Dans les faits, Les Proies version 2017 reprend assez schématiquement l’histoire du roman de Thomas P. Cullinan. Même époque trouble ( la guerre de sécession), même situation de départ, une jeune fille va secourir un soldat nordiste en le ramenant dans un pensionnat sudiste pour jeunes filles où ce dernier va très vite se transformer en objet de désir pour ses occupantes. Certains crieront au remake, moi je crois Coppola quand elle parle de réadaptation. Ici, exit la servante noire et le frère pervers, ce qui intéresse la cinéaste américaine c’est de capter les actes, les mots et les non-dits de ces pensionnaires dont la (pesante) solitude va être troublée par l’arrivée d’un soldat ennemi blessé. En somme, Coppola veut réviser cette histoire en y greffant ses thématiques, l’idée se trouve bien là mais le rendu se révèle assez décevant.


Pas l’œuvre miroir espérée tant le discours féministe reste en surface, ni le thriller sulfureux annoncé tant la version de 2017 se montre plus soft que l’original, Coppola y apporte juste une atmosphère plus vénéneuse et de belles images. Peu, trop peu pour réussir à faire oublier l’adaptation de Siegel. Le problème du film réside dans son écriture maladroite. En réduisant le contexte politique à une peau de chagrin et ses personnages à l’état de faibles créatures victimes de leurs pulsions, la cinéaste américaine fait perdre de la substance aux personnages d’origine. Ils sont trop monocordes, jamais vraiment ambigus, en somme de sages esquisses de ce qu’ils étaient dans le roman de Cullinan. Pire, certains sont tellement transparents qu’ils ne justifient leur présence à l’écran qu’en apportant une analyse balourde aux événements survenus plus tôt dans le récit.


La déception est d’autant plus forte que le film reste pétri de qualités. Visuellement sublimé par la photographie de Philippe Le Sourd qui donne un rendu pictural à chaque scène et interprété par un casting cinq étoiles au diapason, Les Proies n’arrive pourtant jamais à dépasser son statut de sage série B stylisée. Siegel avait réussi à tirer du roman de Cullinan une oeuvre bien plus dense. Je vous conseille donc d’aller revoir la version de 1971, elle est meilleure.


http://cinematogrill.fr/les-proies-2017/

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le 30 août 2017

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