Quatre années après le très décevant The Bling Ring, l’impatience pouvait être grande de retrouver Sofia Coppola aux affaires de ce huis clos teinté de tension sexuelle. Comme toujours avec l’Américaine, le résultat ne laisse pas indifférent : l’ambiance vaporeuse, la beauté des décors et la mise en scène volontairement contemplative ne dérouteront pas les amateurs des précédents films de la réalisatrice. On assiste à la vie monacale de ces filles virginales, en totale contradiction avec le chaos de la guerre, dehors, dont on ne voit rien. Par le hasard d’une rencontre, ce groupe soudé de femmes et de filles daigne recueillir un soldat du camp adverse, blessé lourdement à la jambe.
L’occasion pour la cinéaste d’installer un scénario féministe ? Pas vraiment. Oui, les pensionnaires trouveront leur force dans leur union, dirigée par une directrice froide et sévère (Nicole Kidman, en grande forme), mais le soldat campé par Colin Farrell saura reprendre le dessus dans le rapport de force qui le confronte aux femmes du pensionnat.
De prime abord, par la séduction : il se lie d’amitié avec une fillette, converse avec la directrice, noue une idylle avec l’institutrice (Kirsten Dunst)… Puis par la violence, quand la fin de l’entente entre les sexes sera établie et que tous liens seront définitivement rompus.
Sofia Coppola signe avec les Proies un huis clos à l’esthétique particulièrement soignée, porté par un casting féminin de grande classe (notamment le trio Kidman-Dunst-Fanning, qui s’approprie véritablement le film). Les Proies est probablement le film le moins personnel de la filmographie de Sofia Coppola, mais n’en demeure pas moins plaisant.