Si j’avais été à la séance du matin, je me serai rendue aux halles acheter des champignons pour le déjeuner.


Elle a enfin atteint son objectif, filmer l’ennuie en le partageant, et oui pour la première fois, elle a réussi à m’ennuyer. J’avais un doute avec Bling Bling mais avec les proies, c’est un fait avéré.


Ce qui m’a contrarié : Pas de tensions sexuelles, manque de dramaturgie, pas de suspicions, point d’ancrage, d’envergure. Rien ne me semble assumé, pas de directives affirmées non plus.


Impression de ne pas être prise à partie en tant que spectatrice, que cette adaptation est pour l’équipe du film. On ne me demande pas de ressentir, on ne me permet pas d’enquêter pour un thriller c’est un comble !!!


Tout est en surface, flou, pas abouti, pas de profondeur, dialogues maladroits, lecture du second degré trop bruyante, tout est en surface telle une couverture de magazine.
Aucune dualité (une jalousie superficielle qui m’échappe), pas de perte de contrôle, de revirements émotionnels.


Trop de virgin suicides à l’intérieur de ce film : plans, ambiance.
Collin Farell n’est plus de toute dernière fraîcheur pour jouer une attraction masculine généralisée, et il ne correspond en rien à la description de Cullinan, mais au moins il a le mérite de ne pas être à côté de lui-même voir fantomatique comme Nicole Kidman et Kristen Dunst. Mais je crois avoir des éléments de réponse.


Sofia Coppola lors de ses interviews nous dis qu’elle a été influencé par le film de Don Siegel, sorti en 1971, d’une durée de 105 minutes, mais que c’est une adaptation du livre de Thomas Cullinan édité en 1966, qui adoptait déjà le point de vue des femmes et que c’était ce qu’elle souhaitait montrer (elle aurait du préciser uniquement les femmes blanches). En lisant quelques chapitres, je trouve que c’est la version de Don Siegel qui s’en rapproche le plus, Coppola choisit de démarrer son film au même moment, retranscris les mêmes dialogues et scènes que ce dernier mais en mode résumé du coup on passe à côté des intrigues individuelles.


Forcément on est en droit de se demander quelle est son interprétation, son intention, où est son originalité par rapport à la première adaptation, au roman ?


On vient de le voir, traiter le sujet du coté des femmes ? Et c’est là où je deviens colère, si cela était vrai pourquoi supprimer et modifier intégralement des rôles féminins ??? Il aurait été intéressant de donner effectivement un plus belle espace à la parole du genre féminin, un personnage en particulier. Celui de Hallie l’esclave noire qui est carrément rayée de l’histoire et se prend un blanchiment à la chaux pour donner vie au d’Edwina !!!! . Je cogite sur sa filmographie, que des héroïnes blanches, hop recherches, suis-je parano ???


Malheureusement, non. L’aveu inaudible se perçoit dans ses tentatives d’explication car la réalisatrice déclare pour se défendre qu'elle "souhaitait explorer les dynamiques de genre de la Confédération, et non les dynamiques raciales. » Sofia Coppola sous-entendrait-elle que les femmes noires ne sont alors pas concernées par les dynamiques de genre ?


Je cite Ludovic Béot critique de cinéma : Le féminisme blanc en tant que mouvement qui décentre spécifiquement et délibérément les femmes noires et les autres femmes non caucasiennes. L’idée selon laquelle un casting entièrement blanc élimine tout contexte racial.


L’écrivaine noire Seren Sensei sur le site Medium s’est exprimé ainsi :
« la blancheur n’est pas une race mais est invisible, elle est la norme, le standard », elle est supérieure aux autres couleurs. Cette posture induit que les Noires sont uniquement déterminées par la race, et non le genre. Petit rappel personnel, si on doit parler de race, alors c’est la race humaine point barre.


Même si elle comptait défendre le genre féminin blanc, on ne peut que constater une vision linéaire traditionaliste !!!! Les femmes sont gentilles et protectrices, solidarité féminine quand tu nous tiens !!! Les hommes quand à eux sont des violeurs, manipulateurs et des tueurs. Enfant une femme est une copine de jeu, adolescente elle est dans sa sexualité, dans sa trentaine elle cherche le plan fixe, et en fin de vie elle est aigrie. Ce n’est pas selon moi, traiter le genre féminin de façon réaliste mais plutôt patriarcale.


Classé dans le genre du thriller ? Ce n’est pas un thriller, tous les éléments sont dévoilés dans la première demi-heure du film et de façon bien appuyée. Le film aurait du s’appeler « Collective hysteria for any pretext ». Aucune tension, aucune surprise…Le concept de son thriller serait-il justement de le chercher en vain ???


Son remake est une sorte d’hyper synthèse en accéléré du film de Siegel.


Prix de la mise en scène : La photographie oui effectivement mérite ce prix. Cependant la brume, l’allée habillée de somptueux arbres c’est du déjà vu même si je prend toujours autant de plaisir à les contempler. Joli travail sur le cadre, les lumières, l’éclairage aux chandelles une évidence vu le contexte historique mais plus utile à la montée en tension dans la version de Seigel…


En somme si vous voulez plonger dans l’univers du bouquin, aller au fond des choses et des émois, je ne peux que vous recommander la version de Siegel beaucoup plus riche honnête et mature.
En ce qui concerne Coppola j’espère que les retours sur ce film vont lui faire accepter qu’il est grand temps pour elle de se réinventer en tant que femme, humaine réalisatrice.

Créée

le 10 sept. 2017

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