Les Souvenirs, c'est le prototype du film gentillet jouant sur l'affect et la corde sensible face à ce que l'on réserve aux seniors dès qu'ils ont un pet de travers. Ce sera cette frange de la population qui y sera d'ailleurs la plus réceptive, confortablement installée dans ses chaussures orthopédiques blanches comme la canne des aveugles. Preuve en est ma stupéfaction en entrant dans la salle aux trois quarts pleine. Il y en avait tellement que j'ai cru, justement, qu'il s'agissait d'une sortie récréative de maison de retraite, histoire qu'ils prennent le frais.


Et on peut dire que Jean-Paul Rouve sait s'adresser à son auditoire. Il n'y va d'ailleurs pas de main morte question pathos, et ce dès les premières minutes du film. Pauvre Mamie Cordy, qui ne peut décider pour elle même de son dernier lieu de vie. Méchants, les enfants pleutres et lâches qui ne savent même pas lui avouer que la prochaine direction qu'elle empruntera sera celle de l'asile. Et en plus, ils n'en ont que pour son argent, vu qu'ils vendent son appartement sans même l'en informer. Ah ! Qu'ils sont vilains !


Heureusement qu'il y a le petit fils, toujours adorable, toujours à lui rendre visite car par définition, une mamie, c'est toujours gentil. Pour en revenir à Mémé, c'est donc légitime qu'elle fasse le mur de l'asile, vu que les autres pensionnaires, ils tirent tous une tronche pas possible et que ceux chargés de les surveiller sont incompétents.


Ma critique est certainement un peu trop caricaturale, à l'image du film auquel elle s'attache. Car oui, le petit fils, joué par Mathieu Spinosi, a un capital sympathie non négligeable. Et Annie Cordy, bah, c'est la Mémé que tous les enfants rêveraient d'avoir, même si c'est de la science fiction. Et elle est adorable, avec ses grands yeux qui se perdent sur l'horizon de sa jeunesse enfuie. Elle arrive à émouvoir, plus d'une fois. Et à faire, enfin, ses propres choix de vie, ce que nombre d'autres personnages dans son entourage sont incapables de faire. Tout cela pour dire que ces deux acteurs sont les principaux atouts du film. Les seconds rôles, quant à eux, sont facilement éclipsés, car sans aucune nuance et empêtrés dans des sous-intrigues simplistes et résolues d'un coup de baguette magique.


Voilà, ça fait rire de temps à autres, mais les meilleurs gags sont tous dans la bande annonce. C'est gentil et plein de bon sentiments. Cela ravira le coeur de cible, celui qu'il faut rassurer en lui disant que la vie, même quand tu achètes du Polydent et lis Notre Temps, c'est pas fini. Mais malheureusement, il n'y aura guère plus à se mettre sous le dentier.


J'ai cependant appris une chose : à mon grand étonnement, la nouvelle tendance pour draguer, c'est qu'il faut sortir sa Mémé. Et vu qu'au bras de Mamie, je deviendrai so sexy, il faudra que je tente l'expérience un de ces quatre pour aller pécho. Mais avec la mienne, avec ses rides pointant vers le bas et son air sévère, comme celle dans Shaun of the Dead, c'est pas gagné.


Pas grave, je pourrais toujours me rabattre sur le site adopteunevieille.com.

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le 31 janv. 2015

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