Les Trois Mousquetaires est le roman d’aventures français par excellence.
Il y est question d’honneur, d’histoire, de complots, d’amour, de trahison, de batailles épiques, d’amitié et de panache.
Bref tout ce qu’on aime et que l’on a envie de voir au cinéma !!
L’industrie du cinéma l’a d’ailleurs bien compris, car nous devons à Armand Melies la première transposition à l’écran du livre de Dumas dès 1903.
Depuis, une trentaine d’adaptations sur grand écran auxquelles il faut ajouter une dizaine d’adaptations télévisée, surent toucher le public et perpétuer la figure héroïque du plus grand héros Français : D’Artagnan
Certaines d’entre elles furent réussies et assez fidèles au roman comme celle de 1947 avec Gene Kelly, celle de Bernard Borderie au début des années 60 ainsi que la trilogie de Richard Lester qui s’étala de 73 à 89.
D’autres le furent nettement moins …
Max Linder en proposa une adaptation burlesque. Sergio Corbucci en transposa l’action au Mexique avec une armées de karateka. Les Charlots, au meilleur de leur forme, en donnèrent une version à leur image. Les Américains proposèrent même une improbable version avec la rencontre au sommet entre nos mousquetaires et Zorro. En 2011, les 3 mousquetaires affrontaient les hommes de richelieu sur des bateaux volants.
Il faut ajouter à cela plusieurs versions en dessin animés qui ont aussi su, à leur manière, toucher les plus jeunes spectateurs.
En 2019, les producteurs Dimitri Rassam et Jerome Seydoux s’associèrent avec l’idée de donner un coup de fouet à la production française en adaptant des œuvres épiques du patrimoine (les trois mousquetaires, les Rois maudits, Monte Christo…) dans des versions cinéma d’ampleur avec l’objectif de toucher le grand public en France et à l’étranger. On ne peut clairement que louer ces bonnes intentions !
Le diptyque des Trois mousquetaires (D’Artagnan et Milady) sont les premiers films de cet ambitieux et alléchant projet, porté par un budget conséquent de plus de 70 millions d’euros.
Le moins que l’on puisse dire, c’est que même si elle n’est pas parfaite, cette nouvelle adaptation tient bien ses promesses.
En premier lieu, le casting et l’incarnation des personnages sont au rendez-vous.
Francois Civil nous offre un très bon D’Artagnan plein de charme, d’énergie et de panache.
Les 3 mousquetaires ne sont pas en reste grâce à Romain Duris, Vincent Cassel et Pio Marmai, qui, chacun dans leur style, font mieux que de répondre présents.
Eva green campe une Milady vénéneuse à souhait. Louis Garrel incarne un Louis XIII assez savoureux. Dans les rôles de la Reine, Tréville et Richelieu , Vicky Krieps, Marc barbé et Eric Ruf sont au diapason.
L’un des points forts de cette adaptation réside dans une très bonne direction artistique. Les costumes et la musique sont réussis et les décors sont très beaux et impressionnants. Le fait de se donner la peine de tourner en France au louvre , aux Invalides ou à Fontainebleau donne toute suite une certaine majesté au film.
Le fait de rester assez fidèle au roman garantit une très bonne histoire et le rythme de la narration qui nous en est proposé nous offre un film épique, plein de suspens et de morceaux de bravoure.
Le film souffre cependant, à mes yeux,de quelques carences.
Elles sont principalement dues à la réalisation de Martin Bourboulon, dont certaines limites et travers étaient déjà apparus lors de son précédent film (Eiffel).
Le premier d’être eux est cette mauvaise manie de proposer un parti pris esthétique fait d’un abus de plans serrés, d’un montage clipesque et d’une photographie avec une luminosité presque sépia et un peu trop obscure. C’est assez dommage, car au regard des décors et des moyens mis en œuvre, on aurait aimé les voir et en profiter d’avantage.
A cela vient s’ajouter ce choix étrange de filmer les combats presque uniquement en plans serrés avec une caméra portée . Si cela retranscrit bien leur nervosité, ils peinent du coup à être lisibles et spectaculaires comme l’étaient, par exemple, ceux de la très bonne adaptation du bossu de 1997(avec Daniel Auteuil et Fabrice Lucchini). C’est malheureux car cela fait clairement partie des grandes attentes de ce type de film.
Il ne manquait donc pas grand-chose pour que cette nouvelle adaptation des Trois mousquetaires puisse figurer au panthéon des films de capes et d’épée de l’ère moderne au côté du Cyrano de Bergerac de Rappeneau , du Bossu de de Broca, des Duellistes de Ridley Scott, et du Pirates de Polanski.
Cela étant, cette nouvelle versiondes Mousquetaires reste un très bon film de divertissement grand public comme on aimerait en voir d’avantage.
Nous serons clairement au rendez vous au mois de décembre pour découvrir Milady, la seconde partie de ce diptyque , en attendant avec impatience les prochaines productions de ce type initiées par Dimitri Rassam .