Une satire soignée, hypocrisie Hollywoodienne à la cible -thème rebattu depuis, mais qui, pour un de ses premiers traitements, a été adressé avec maestria.
Commençons et commençons bien, puisque entre discret méta-film et révérences à Lubitsch, la première partie du film m'avait déjà conquise avant même qu'apparaisse le peek-a-boo blond de Veronica Lake. Et "O Brother Where Art Thou ?", serait-ce... mais oui ! Avant d'être un titre de film des frères Coen, c'était bien celui du roman fictif que notre personnage principal, Sullivan le réalisateur, veut adapter : la référence est fine.
Le rythme est bon jusqu'ici, quoique prévisible, la toile est rapidement tissée, bien installée sur les lignes prévisibles de la comédie... Et, tac, seconde moitié du film, agréable surprise du changement de genre. Plus grave, le ton change, récupère avec lui les mélodies mutines, place aux violons, et bravo, jusqu'à la remontée finale à la légèreté, l'effet pathos (risqué), a été évité.
La gravité, mesurée, culmine en un majestueux "Let My People Go" repris par l'assemblée d'une église Noire, qui envoie juste assez de puissant et de gracieux pour nous laisser repartir dans les vadrouilles de Sullivan avec un "ah oui, quand même".
Et j'écris en vert jusqu'aux dernières minutes, stylo rouge même pas décapuchonné, le carnet de notes témoigne d'un (quasi?) sans fautes. Vraiment quasi, puisque dénouement un peu rapide, relation des deux joyeux lurons un peu survolée, voilà ce qu'on soulignerait si on voulait chipoter... Pas besoin, pas envie, restons en à la satire burlesque devenue plus cinglante, qui laisse aux répliques le temps de ralentir leur rythme Slapstick-mitraillette, et aux spectateurs, celui de se dire que décidément, la Screwball comedy, quand bien équilibrée, c'est la fleur de sel dans le chocolat.