J'ose écrire sur ce film,enfin vu,grâce à Brion au Cinema de Minuit:Hitch,expert en séduction...

"Parlez moi de vous."...

Liste de remarques:

  • D'abord les mots de Patrick Brion qui seront plus prenants et justes que les miens:
__""C'est après « L'exilé » avec Douglas Fairbanks jr. et Maria Montez que Max Ophüls tourne à Hollywood « Lettre d'une Inconnue » d'après Stefan Zweig. L'année suivante, il réalisera « Caught » (Pris au Piège) avec James Mason, Barbara Bel Geddes et Robert Ryan. Tourné en 1947, « Lettre d'une Inconnue » est le premier film de la compagnie Rampart Productions fondée par Joan Fontaine, l'actrice du film (morte à 96 ans en 2013). L'œuvre de Stefan Zweig avait déjà été adaptée à deux reprises : en 1929 dans « Narkose » d'Alfred Abel avec Renée Héribel et Jack Trevor et en 1932 dans « Only Yesterday »/Une nuit seulement, l'un des chefs-d’œuvre de John M. Stahl avec Margaret Sullavan et John Boles"" (Patrick Brion; "l'un des chefs-d’œuvre de John M. Stahl"? )
  • ado, j'avais lu et aimé le livre puis d'autres de Zweig, me promettant (en vain) de le revisiter...
  • maintenant, la petite fille qui tombe amoureuse du voisin riche et pianiste, d'abord attirée par sa musique, me rappelle désormais Audrey Hepburn/Sabrina Fairchild (nom adequat) dans le chef d'oeuvre de Billy Wilder.
  • SabrinA et LisA semblent se fabriquer un rêve-éveillé idéalisant l'inconnu
  • on ne voit d'abord pas l'objet de leur affection du même oeil enamouré: il est un peu une fiction de son imagination.
  • l'expression anglaise est "figment of her imagination": le fruit de son imagination...le fruit plutôt pourri...on le verra finalement différement, mais Louis Jourdan joue plutôt un Bertie Wooster plutôt lâche, sans principe (le film commence d'ailleurs par sa fuite face à une promesse de duel , "honor is a luxury, only gentlemen can afford/l'honneur est un luxe de Gentlemen"); fainéant ("ça me dérange pas de mourir mais c'est de me lever tôt (pour le duel) qui m'est difficile"); il est clairement Dom Juan avec tout une technique et étapes en ville pour séduire des filles et les ramener par étape dans son appartement de Vieux-garçon...la mécanique est huilée: il séduit par la musique, puis des fleurs puis des parcours en calèche...la fleuriste le connait visiblement très bien et le cocher très très complice lui demande soudain s'il veut "la capote fermée"...on sent une mécanique bien huilée qui a sans doute souvent transformé cette calèche en chambre ambulante comme dans Madame Bovary.
  • ...et c'est pour ce genre de séducteur sans vergogne et classe que la petite fille s'était ( comme Rocky...) entrainer à devenir plus forte, cultivée et pleine "de bonnes manières": "I learned good manners for you". C'est comme quand on voyait une bonne copine de classe sortir avec un connard (oui, je suis jaloux^^).
  • maintenant, la belle scène et les dialogues de leur premier repas dans cette alcôve surplombée d'une coquille de St Jacques de Compostelle, me fait étrangement resurgir le repas de 'La bonne année' de Lelouch entre Françoise Fabian et "Simon"/Lino Ventura.
  • aimant ces décors, je vois qu'ils sont de "Alexander Golitzen, Russell A. Gausman et Ruby R. Levitt" (dont le c.v parle aussi de Chinatwon et La Mélodie du bonheur dont j'aime aussi les décors...mais je n'ai pas encore fini de lire tout ce qu'ils ont fait)
  • si le couple est surplombé lors du repas pas une sorte de Coquille St Jacques,
  • quand elle est seule, l'espionnant tous les soirs de et dans la rue, elle est surplombée par une niche protégeant une statue de la Vierge Marie à l'enfant...enfant tenu dans ses bras comme Lisa tient son manchon/chauffe-mains en fourrure...
  • ...les escaliers sont aussi d'ailleurs clé dans le film: lieux d'observation et d'espionnage des allers/retours du Dom Juan/Bertie Wooster...la caméra est avec la jeune fille observant le bellâtre rentrer avec une conquête et plus tard, la caméra sera exactement à la même place avec le même mouvement mais la conquête est alors l'ancienne espionne de haut...
  • de nos jours, des moments peuvent dénoter: elle insiste pour qu'il parle de lui..."please parlez moi de vous"...conseil dont il n'avait pas besoin...puis c'est suivi par un bel exemple de ce qu'on nous inculque désormais, "le manspleading"...ou alors c'est juste la passion de partager...selon la perception de chacun: il informe d'où vient le vin qu'elle essaye pour la première fois.
  • jeu de simulation: il y a quelques temps, internet, et même l'émission 'Quotidien', se moquaient d'asiatiques montant dans des avions qui ne décollaient pas pour revivre une simulation de départ et voyage...c'est culotté puisque nos ancêtres Européens raffolaient eux de faux trains nous simulant des voyages bien avant Meta de Mark Zuckerberg . J'aime cette scène où ils sont dans un faux train de fête foraine...
  • désormais, cet espionnage de l'appartement similaire voisin me rappelle les films qui suivront où des amoureux copient et espionnent l'appartement de l'autre: c'est aussi un livre et film d'Alexandre Jardin.
  • est elle une stalker ? ...aimerait-on le film autant si la situation d'espionnage était inversés entre homme et femme? Stalker=""Anglicisme pour Surveiller la vie de quelqu'un sur Internet. Cet anglicisme, utilisé par certains magazines, a été critiqué par l'Académie française qui préconise les verbes guetter, traquer, chasser, mais aussi épier ou harceler""...
  • désormais, cette amoureuse du pianiste vient de me rappeler aussi Karin Viard dans 'L'origine du monde' de Thiéry/Lafitte, où elle a réussi à épouser son pianiste mais dont elle ne supporte plus le son du piano après des années de vie commune! ...c'est fou que ce qui faisait notre charme peut devenir la plaie de l'autre...genre "toi et ton cinéma..."...ça donne une idée de si Joan et Louis avaient vécu ensemble?:
"(Jean-)Louis, met la sourdine" crie sa femme au pianiste quand il joue désormais... ...arrête ton raffut alors que c'était du Fauré.
Pas loin du "I wish he'd stopped that noise/j'aimerais qu'il arrête ce bruit" disait la camarade de jeu enfant de Lisa lors des scènes de balançoires rappelant tant de tableaux ...cette amie n'était elle pas sous le charme du triste solitaire.
Pierre-Amo-Parfois
8

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le 2 sept. 2023

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