Albert Serra déclare "Je voulais aller vers un malaise plus profond."
J'avais vu que Takeshi avait vu ce film, le commentaire sous sa note m'avait tant intrigué que j'en avais oublié sa note, bon il se trouve qu'elle était livrée de façon arbitraire mais ce n'est guère important.
La bande annonce m'avait quand même excité un minimum et j'avais envie de voir le film. Bordel, du cul du cul et re du cul, j'étais chaud comme la baise.
Franchement, je n'ai plus de mojo, je suis vidé de l'essence, privé de mes sens et de l'appétit qui les accompagne. La formation aura fini de me tuer. Vivement qu'elle s'achève. Ou bien moi.
Tout d'abord, la voix de Baptiste Pinteaux est fort agréable, on l'écoute débiter des insanités, ça promet.
Le programme qui nous est exposé avant la nuit, promet d'être des plus réjouissant. Soyons sérieux, c'est franchement tentant. Je veux dire, on y aborde des promesses de sale. Et bordel, je veux du sale.
Mais c'est là où le bas blesse, le cul c'est quand même sérieux. Je veux dire, c'est sérieux, mais en faire des tonnes, c'est dégueulasse. Et puis ça lasse.
Moi je comprends que les gens quittent la salle.
D'une part il y a ce parti pris de tourner la majorité du film de nuit, éclairé comme il se peut.
Et d'autre part, rien n'est fait pour retenir le spectateur.
Notons que le travail de la lumière est magnifique, et magnifie bien souvent des scènes. La scène où l'on déverse du lait sur cette jouvencelle suspendue à une corde c'est juste alléchant.
Oh fatche de con, qu'on ne vienne pas me parler de male gaze ou d'autre chose de ce goût-là. Serra maltraite tout autant les femmes que les hommes, expose tous les corps. Les sveltes, les gras, les imberbes, les #bears, les seins, les torse nus, les culs, tous les culs, les pénis, des vulves velues (yummy).
Comme nos amis libertins sont des grands canaillous ils s'adonnent à des pratiques sympas, enfin ça dépend si ça te branche aussi.
En tout cas rien qui, à mes yeux n'est bien choquant, mais il faut croire qu'après une scène de fessée à la canne (où la canne est une vulgaire branche), on passe au cul d'un damoiseaux un peu plus âgé, qui fort de son expérience veux jouir du fouet, et aime se faire lacérer le cul.
C'est là qu'un couple décide de quitter la salle.
C'était de trop visiblement. Et pourtant nous sommes, globalement, tous resté jusqu'à la fin. Je pense que la curiosité de connaître le fin mot de l'histoire était encore plus forte que l'ennui provoqué par le film.
Ce n'est pas que je crache sur une bonne scène d'anulingus, même à plusieurs reprises, ce n'est pas qu'un gars qui semble être passé à diner chez Hannibal Lecter, se fasse uriner dessus qui me chagrine, non.
C'est plutôt que comme lui, on finit par ne plus bander, la lassitude nous habitant.
Et rien ne me chagrine plus que lorsque le sexe finit par me lasser. Quand je n'en vois plus le bout (mouahahahah, pourtant on en voit des bouts de zboub, désolé), quand je n'arrive plus à savoir pourquoi je regarde, pourquoi je suis venu là.
Albert Serra confie à Julien Gester :
"il y a eu une critique très négative (ndr : il a testé ce film sous forme de pièce de théâtre en Allemagne), qui disait : "Deux heures et demie d'acteurs perdus sur la scène". Et moi je me suis dit, putain, c'est exactement la sensation que je cherchais (rires – ndr : ça le fait marrer l'enfoiré :) ). Il y avait du hors-champ, du chuchotement, beaucoup de choses que l'on ne voyait pas, suggérées, et ça, c'est l'antithèse de ce qui intéresse le théâtre (…)"
Au fond Albert Serra sait parfaitement ce qu'il a fait. Un objet cinéma prétentieux, chiant à mourir, et se voulant transgressif.
Excusez-moi mais comme il n'y a rien, absolument rien d'autre que cette volonté de perdre ses acteurs et son spectateurs (parfois on ne sait plus bien quel corps lascif s'emboîte avec un autre corps lubrique, ou l'inverse, ou pas…), je ne valide pas.
Même si effectivement le but est atteint, le but est même transfiguré, il en ressort un bien bel objet, une belle coquille.
Malheureusement je l'ai smashée au sol cette belle coquille, et il n'en coula ni sperme, ni cyprine, ni bave, ni urine, ni transpiration, ni odeur. Rien, que de l'air, du vent…
Et comme disait Mallarmé, débutant ainsi La Brise Marine :
"La chair est triste, hélas ! et j'ai lu tous mes livres."
Eh bien, il se trouve que je n'ai lu que trop peu de livre, et comme la chair est triste, ici, je m'en va lire.
XOXO