Il faut reconnaître le talent du réalisateur. D’une thématique étriquée, chère à une seule nation, qui aurait pu se transformer en épreuve égocentrique sans émotion, il parvient à faire une belle leçon d’histoire aux personnages vivants.

Spielberg s’attarde sur le combat du 16ème Président des Etats-Unis pour faire adopter ce 13ème amendement à la Constitution par une Chambre des Représentants divisée ; un amendement censé éradiquer l’esclavage et ainsi stopper la Guerre de Sécession. Les actions de Lincoln avec son entourage politique au cours de cette période relèvent d’une stratégie quasi-militaire et d’un sens de la diplomatie extrêmement développé.

Daniel Day-Lewis (Le dernier des Mohicans, Gangs of New-York, There will be blood), qui n’est plus à présenter, porte sans conteste une grande partie de la qualité du film sur ses épaules, au travers d’une prestation exceptionnelle, pétrie d’authenticité. Il abrite et incarne l’essence d’un personnage entré dans la légende, lui conférant un timbre de voix particulier et se fondant dans ce que l’on sait de lui. Mais il n’est pas le seul : James Spader et David Strathairn s’imposent à l’écran, ombrageant complètement un Joseph Gordon-Levitt dépassé et affadi par ce casting d’exception ; et l’on se laisse porter par l’émotion à mesure que Tommy Lee Jones se dévoile.
Steven Spielberg sait ainsi gérer les plusieurs centaines d’hommes qui ont fait l’Histoire et choisir lesquels mettre en avant pour porter son récit sans nous perdre. Il nous immerge dans la vie publique et l’intimité familiale d’un homme aux responsabilités écrasantes, car cette aventure est avant tout humaine ; mais également dans une époque toute entière, grâce aux décors, costumes, et à une photographie sobre et sans faille.

Mais l’oeuvre, bien qu’impressionnante, est extrêmement longue et verbeuse, souffrant d’un rythme pénalisé par son sujet. L’éloquence des acteurs ne parvient tout juste à maintenir notre intérêt pour un épisode historique qui, malheureusement, risque de n’intéresser que peu de spectateurs français (ce qui est fort dommage), et manque cruellement d’action. L’autre risque est que les amateur du genre se focalisent plus sur la véracité historique des faits que leur interprétation.

Il est pourtant d’autant plus impressionnant que Spielberg ait réussi à transcender en parti l’ennui considérable ressenti devant ce biopic grâce à ses nombreuses qualités. Lincoln est à recommander aux amateurs d’histoire férus de détails, de discours persuasifs et de stratégie verbale.
Filmosaure
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le 27 janv. 2013

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