C'est une petite histoire discrète, sur un continent où les traditions peuvent parfois bouleversé toute une vie, un drame mis en lumière avec talent par le cinéaste Tchadien, Mahamet-Saleh Haroun, dans un film qui montre le rôle d'une femme, Amina ( Achouackh Abakar Souleymane ), qui apprend à vivre seule, en exil de sa propre famille, dans un pays, le Tchad, où elle demeure farouchement indépendante, musulmane, et célibataire. Elle vit avec sa fille de 15 ans, et redécouvre dans son long voyage clandestin, ce même silence qui pénètre à nouveau sa maison, et ce regard qu'elle ne voulait plus voir, celui de sa fille, Maria ( Rihane Khalil Alio ) une jeune adolescente d'aujourd'hui, qui rejette cette réalité brutale: un corps qui ne lui appartient plus, quand l'empreinte des hommes crée des règles qu'ils appliquent aux femmes afin de mieux punir tous leurs péchés, une religion et son système juridique qu'ils utilisent pour se faire le phare de la morale.


Maintenant que son passé resurgit, Amina qui espérait le meilleur pour sa fille, comprend que son histoire se répète, toujours la même domination, la même contrainte, et Maria qui s'enfuit, seule à son tour, poursuivie par la rumeur. A présent que les chemins du savoir lui ferment les portes. Elle marche sans avenir, la peur au ventre, vers cet étrange descente et lente, où coule ce ruisseau orphelin sans un bruit, uniquement le soleil et sa lumière qui la suivent telle la force d'une jeunesse qui continue de briller, d'exister et de crier son envie d'espérer, malgré les souffrances, un courage qui persiste, et qui réunit aussi toutes ces mères, ces filles, ces sœurs, des liens sacrés qui les unissent toutes entre elles, dans la compréhension d'une nature profonde qu'elles renferment en elles. Des scènes à l'émotion brute, que le réalisateur capture assez bien, la lutte de toutes ces femmes, montrée au premier plan, un drame qu'elles continueront de traverser, des eaux qu'elle ne pourront pas éviter, l'homme qui restera le maître des océans pour des situations qu'elles essaieront toujours de combattre, pour un peu de justice.

Candy-Alice
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le 8 déc. 2021

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