Parfait. Pour un mardi soir, entre Nagui et le Grand Soir/3...

APRÈS SÉANCE

Bonsoir à tous et bienvenue dans cette séance mystère pour l’attribution du label Spectateurs UGC. Ce soir, vous allez voir un film de Jean-Paul Rouve…

Oh shit…

… Avec Jean-Paul Rouve…

Oh Fuc**ing shit !

… concernant un thème qui lui est cher : la famille.

S’il vous plait, détachez-moi !

Sachez que le film est simultanément projeté dans plus de 100 salles dans toute la France…

Je compatis avec chacune et chacun.

… Et que Jean-Paul Rouve sera présent dans un mois pour l’avant-première de ce film, vous pourrez donc avoir le plaisir de le revoir en compagnie du réalisateur.

Ah c’est dommage, je ne peux pas. Je dois brosser mes lapins… Bon, restons sérieux et objectif, je n’ai rien contre Jean-Paul Rouve. En tant qu’acteur, je dois connaitre seulement environ 10 % de sa filmographie à savoir Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre, Mais qui a tué Pamela Rose ?, RRRrrrr !!!, et Podium. De la comédie allant du moyen/bon à l’oubliable, à l’instar des sketchs des Robins des bois qui ne m’ont jamais vraiment plié de rire. A partir de 2008, Jean-Paul Rouve se lance dans la réalisation de manière à se mettre lui-même en scène. Lola et ses frères traite de nouveau de la famille, de la transmission et de la parentalité, tout comme Quand je serai petit et Les souvenirs. Dans le paysage de la comédie dramatique française, on ne peut pas dire que ça fasse dans l’originalité…

SUR LE FOND : 5 étoiles

Le film met en scène une fratrie qui va passer son temps à s’engueuler, à se cacher ou à se reprocher des choses, et à se demander pardon… Lola, avocate spécialisée dans les divorces a perdu sa foi en l’amour, Pierre chef de chantier de démolition n’arrive pas à construire une relation amoureuse et Benoît, opticien, ne voit pas clair dans les souhaits maternels de sa femme… Un film tout en métaphores donc où chacun va avoir ses problèmes et où personne ne va en parler. Cette non-communication va être inhérente au film et va même lui permettre d’exister parce qu’en réalité, si les personnages prenaient cinq minutes pour se parler, Lola et ses frères durerait deux fois moins de temps. Au passage, une durée de 50 minutes serait un format beaucoup plus légitime : celui d’un téléfilm de FranceTV parfait pour concurrencer un épisode de Camping Paradis ou de Joséphine, ange gardien…

Même si elle porte le nom du film, Lola (Ludivine Sagnier) ne semble pas être son personnage principal. Faut dire qu’elle ne suscite pas grand intérêt. Au début du film, elle n’a pas l’air très heureuse mais ne fait absolument rien pour améliorer sa situation. Et tout ce qui va lui arriver sera le fruit du « hasard » et absolument pas dû à une démarche proactive, sa rencontre avec Zoher (Ramzy Bédia) en tête. Alors oui, c’est vrai, le tournant du film (ou du moins ce que Jean-Paul Rouve tente de nous faire vivre comme tel à coup de ralentis et de silences) concerne Lola. Mais bon, restons sérieux, ce n’est pas un plot twist qui va m’empêcher de dormir…

Le désintérêt pour le personnage de Lola, je pense qu’on le doit également par le surdéveloppement de Pierre (José Garcia). Après tout, l’ouverture du film est son opération de démolition et sa situation va être le fil conducteur du film, liant les autres intrigues secondaires. Appeler le film « Pierre, son frère. Ah et puis sa sœur aussi », ça aurait été un peu moins vendeur, c’est sûr. Bizarrement, le personnage de Pierre est aussi le plus stagnant.

Faut dire que Pierre a déjà un fils donc il a un peu d’avance sur le parcours cliché de la réussite familiale. Mais pour le reste, il perd son emploi, en retrouve un autre (certes plus « positif »), et sentimentalement parlant, ça a l’air d’être toujours autant la loose. Ce n’est pas très clair mais il me semble même que son fils (surdoué et surjoué par Anthony Sonigo) a finalement bel et bien abandonné sa prestigieuse université pour lui… Mais José Garcia est assez touchant et son personnage est un peu moins caricatural que les autres.

Premier de la fratrie, Benoît est le type de personnage dans lequel j’ai toujours vu Jean-Paul Rouve (mais j’avoue encore une fois ne pas avoir beaucoup d’expérience, par manque d’envie et de courage notamment). Un clown ordinaire, un peu bête, un peu détestable, qui ne comprend jamais rien. Il forme avec la mièvre Sarah (Pauline Clément) un couple insupportable.

Par contre, Ramzy Bédia est excellent. Touchant, sincère, mesuré. Lorsque j’ai vu le film en séance mystère, il était « à l’affiche » d’Alad’2… C’est sûr qu’on risque la luxation par un tel grand écart de style.

Au final, ce n’est pas non plus ce qui se fait de pire (oui, je pense à toi La fête des mères…). Les thèmes de la famille, de la parentalité, de l’amour fraternel ne sont pas vraiment ce que je recherche au cinéma. Ce n’est pas toujours fait avec subtilité, genre le parallèle avec la faille dans le mur ou la reconstruction sur de nouvelles bases saines mais ça ne fait pas non plus de mal.

SUR LA FORME : 4 étoiles

Tourné en un mois à Angoulême avec six millions d’euros, Lola et ses frères ne transcende pas le genre surpeuplé des comédies dramatiques familiales françaises…

La réalisation est discrète, voire inexistante. On filme ce qui a à montrer, point. Même si Lola et ses frères épouse quelques codes du film choral, c’est globalement assez survolé. Comme pour le fond, la forme rappelle un peu les standards de la fiction du service public. Un découpage en deux épisodes de 50 minutes est tout à fait envisageable d’ailleurs, la réaction de Benoît lorsqu’il apprend qu’il va être papa en cliffhanger du pauvre.

La famille va s’agrandir !

Ah bon mais qui ?

Vous l’aurez compris, si vous voyez les petites étoiles du Label spectateurs UGC sur l’affiche de Lola et ses frères, je n’y suis pour rien°. Sans vouloir descendre le film, celui-ci ne pas ni touché, ni amusé. Et ce n’est pas On ira de Jean-Jacques Goldman en BO qui me fera changer d’avis, loin de là…

° EDIT au 21 novembre : Lola et ses frères a obtenu le label des spectateurs...

Bonus acteur : NON

Malus acteur : NON

NOTE TOTALE : 5 étoiles