Replaçons ce film dans son contexte. Tourné en 1981 alors que l'Allemagne n''est pas encore réunifiée, Lola, une femme allemande parle d'une ville, d'une communauté qui se relève des horreurs de la guerre et du nazisme.
Le pays est en pleine reconstruction et forcément, la spéculation va bon train.
Pour organiser les chantiers, un homme Herr Von Bohm est dépêché par les autorités pour mettre de l'ordre dans les affaires immobilières de la ville.
En voyant cet homme, je me suis dit que je le connaissais, que je l'avais déjà vu plusieurs fois sans pour autant arriver à mettre un nom sur ce visage. Après vérification, il s'agit de Armin Mueller-Stahl, vu chez Cronenberg entre autres.
Nous sommes donc en 1956, dans une petite bourgade bavaroise gouvernée par un certain Schukert mafieux local et notable des plus influent.
L'arrivée de ce nouveau directeur des travaux publics sème la zizanie au sein de la ville. Chacun cherchant à préserver son influence et son bien.
Lola, chanteuse, entraîneuse, à la solde de Schukert avec qui elle a eu une petite fille, fait le pari de se faire baiser la main par le nouveau venu.
Charmé par la jeune femme, il va chercher à la revoir sans savoir qui elle est et en tombe éperdument amoureux.
Se situant avant Le secret de Veronika Voss et après Le mariage de Maria Braun, il fait partie de la trilogie allemande.
Le conflit entre Schuckert et Von Bohm peut s'interpréter en terme pulsionnel mais aussi comme une allégorie politique où Lola, l'Allemagne, est l'objet du deal. Lola serait, ce que suggère le titre français, l'Allemagne, la Germania des temps modernes. Von Bohm représente le parti social-démocrate, le SPD (Sozial Demokratische Partei Deutchlands) qui se montre d'abord conciliant puis intransigeant puis opportuniste.
Le kitsch assumé de certaines scènes font inévitablement penser à une continuité de L'ange bleu.
Un film intéressant à bien des points de vue mais qui ne m'a pourtant que moyennement transportée.
Rawi
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le 13 déc. 2013

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Rawi

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