Il y a déjà 50 ans, que le cinéma australien nous met en garde contre les dérives de l’homme vis-à-vis de la nature sauvage. Un cinéma porteur de messages, démocratisé bien évidemment par le cultissime et post-apocalyptique “Mad Max” de Georges Miller, l’une des pépites de “l’Ozploitation”. Mais, bien avant Miller, d’autres réalisateurs avaient dénoncé l’ignorance, l’arrogance, la cruauté et la toute-puissance que nous nous octroyons sur notre environnement. Dès 1971, Ted Kotcheff avec l’éprouvant “Wake in fright”, au détour d’une atroce chasse aux kangourous, posait les jalons d’un réquisitoire à charge contre l’être humain. Peter Weir, au travers de “Pique-nique à Hanging rock” (1974) et “La dernière vague” (1977), ou encore Nicolas Roeg, et son méconnu “Walkabout” (1971), lui emboîtaient le pas avec leurs cinglantes réflexions sur les difficiles relations entre les hommes blancs colonisateurs et les Autochtones du pays continent, à savoir les Aborigènes. “Long weekend” de Colin Eggleston, sous la plume du scénariste Everett De Roche (“Razorback”, “Patrick”) synthétise à sa manière, les mises en garde, des titres cités ci-dessus. En effet, le monde aborigène et ses croyances sur la terre-mère - même si l’on en voit aucun et que l’on ne mentionne pas leur culture - sont présents à chaque plan. La nature magnifiquement vierge - principale protagoniste du film - berceau des premières civilisations, va se voir pervertie par l’arrivée de Peter et Marcia, un couple de yuppies citadins pétris d’arrogance et de certitude, venus camper (avec 2000 $ de matos ), et par là même souiller cet endroit reculé - les comportements de Peter sont intolérables - au cours d’un week-end, qui va s’avérer être un très très long week-end pour le spectateur. Dans une ambiance hautement anxiogène - en cause, la musique, les bruits de la forêt alentour, les gros plan sur la végétation, tout est propice à la méfiance - Colin Eggleston va lentement mais sûrement transformer son film en un huis clos suffocant, en piégeant ses acteurs au coeur d’une nature vengeresse, dans un trip où se mêle folie sensorielle et visuelle. Du haut de ses 42 ans ce “Long weekend”, ayant subi l’affront d’un remake en 2008 - regardable, mais sans intérêt (avis perso) - peut se targuer d’être devenue une œuvre intemporelle, de par l’aura prophétique de son récit.

RAF43
8
Écrit par

Cet utilisateur l'a également mis dans ses coups de cœur.

Créée

le 21 avr. 2020

Critique lue 154 fois

3 j'aime

RAF43

Écrit par

Critique lue 154 fois

3

D'autres avis sur Long Weekend

Long Weekend
Morrinson
7

Réveil dans la terreur

Il n'y a que dans le cinéma australien des années 70 que l'on peut espérer découvrir ce genre de pépite. Que ce soit avec Ted Kotcheff (Réveil dans la terreur, 1971), Nicolas Roeg (La Randonnée,...

le 23 sept. 2019

17 j'aime

6

Long Weekend
Boubakar
7

Nature sauvage.

Un couple en proie à des difficultés décide de se changer les idées en allant passer un week-end dans la cambrousse afin de faire du camping. Mais faire ça en Australie a l'air de comporter des...

le 20 nov. 2020

6 j'aime

Long Weekend
Teklow13
7

Critique de Long Weekend par Teklow13

Un jeune couple de citadins australiens décide de profiter d'un weekend prolongé pour faire du camping sauvage dans un coin perdu au bord de la mer. Long weekend est une sorte de survival...

le 17 nov. 2015

6 j'aime

4

Du même critique

47 Meters Down
RAF43
1

"Dans l’océan, personne ne vous entendra crier, de toute façon on s’en fout !!"

Il était une fois deux Américaines, Lisa et Kate, frangines et siamoises, deux têtes pour un cerveau qui s'ennuyaient fermes durant leur séjour au Mexique (c'est bien connu, quand on a vingt piges,...

le 1 oct. 2017

16 j'aime

3

Golem : Le Tueur de Londres
RAF43
8

"La rumeur qui tue !"

Juan Carlos Medina, réalisateur américain d'origine ibérique, s'était fait connaître, en 2012 avec son troublant "Insensibles" et sa horde d'enfants indifférents à la douleur dans une Espagne...

le 24 janv. 2018

15 j'aime

3

Light of My Life
RAF43
8

"La Fille de l'Homme !"

Dans un futur indéterminé, la population féminine a été éradiquée en quasi-totalité par une épidémie (décidément, c’est la mode en ce moment). Un père (Casey Affleck) tâche de protéger Rag (la...

le 3 août 2020

14 j'aime

4