Le cinéma mexicain compte beaucoup de grands auteurs dont plusieurs ont percé à Hollywood sans pour autant y vendre leur âme au Diable, nous offrant chacun plusieurs grands classiques du septième art. On pense bien sûr à la Trinité composée de Guillermo del Toro (« La Forme de l’eau »), Alejandro Gonzalez Inarritu (« The Revenant ») et Alfonso Cuaron (« Gravity »), des réalisateurs couverts de récompenses pour ces films et d’autres, notamment des Oscars, et ayant commencé dans un sérail plus indépendant et auteuriste. Le réalisateur Amat Escalante fait partie de ces auteurs pointus dont certains sont peut-être surcotés et son « Lost in the night » nous fait penser qu’il l’est. On est vraiment dans du cinéma de festival, poseur et un chouïa prétentieux. Et difficile de ne pas le comparer dans son style à l’immense Michel Franco qui, lui, nous livre régulièrement des claques bien plus maîtrisées et choquantes comme les immenses « New Order » ou « Despues de Lucia ».


Le film dure deux heures mais il aurait pu en faire un tiers de moins tant beaucoup de scènes sont inutiles. Son histoire, intrigante et mystérieuse au début, finit par tourner en rond et ne raconte pas grand-chose d’autre qu’une banale histoire de vengeance qui tourne mal. De prime abord, génialement alambiqué, le scénario de « Lost in the night » se révèle au final très simpliste. Le montage, l’abondance de thèmes, les nombreux personnages et la lenteur du récit sont une chimère et au final tout se traîne et il n’y que peu à découvrir dans cette intrigue tout sauf palpitante. Pire, si Escalante fait illusion dans la première partie en faisant mine d’aborder de nombreux sujets abrasifs et contemporains comme la mainmise du capital étranger sur le pays, l’écologie, la vacuité de l’art moderne, les influenceurs en quête de likes ou encore les sectes religieuses, il les survole tous à un point qu’on se demande si on ne se paierait pas de notre tête et de notre intelligence. En effet, il ne suffit pas de citer ou de mettre des sujets sérieux sur le tapis si c’est pour les balayer en dessous ensuite à vitesse grand V et ne rien en dire.


En revanche, on ne peut que louer la maîtrise de sa mise en scène, la précision et la beauté de ses cadrages rendant « Lost in the night » plutôt flatteur à l’œil. Mais on a déjà vu mieux et Franco, déjà cité plus haut, a déjà fait tout aussi bien voire mieux. On retient néanmoins la majestuosité incontestable d’une des scènes finales qui voit un suicide inattendu au ralenti, magnifié par les rayons du soleil levant. Une scène d’une extraordinaire beauté. Il y a aussi quelques séquences un peu osées qui n’apportent rien au film comme cette scène de double masturbation entre adolescents et des décors très particuliers rendant l’esthétique du long-métrage assez singulière. On retrouve ici l’une des starlettes de la série espagnole « Elite », Esther Esposito qui prouve qu’elle n’est pas que magnifique physiquement mais sait aussi jouer des rôles plus difficiles. Mais bon, au final, c’est lent, c’est long et pour pas grand-chose alors on se console avec la forme, indubitablement belle mais poseuse mais l’ennui guette sans conteste et très vite.


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JorikVesperhaven
5

Créée

le 8 oct. 2023

Critique lue 173 fois

Rémy Fiers

Écrit par

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