Je ne vais pas prétendre que ce film est un chef-d'œuvre intouchable. Il ne l'est pas, mais il possède cette capacité rare : celle de marquer, de graver quelque chose dans l'esprit, de nous suspendre dans une bulle. C'est une histoire belle et troublante, portée par une relation forte entre deux personnages qui semblent se chercher sans jamais totalement se trouver. Leur lien est sincère, teinté d’une douceur mélancolique et de moments suspendus, comme un souffle qui ne veut pas s’éteindre. Ces instants-là, rares au cinéma, sont une réussite.
Et puis, ce cadre japonais… Ce n'est pas une carte postale, et c'est ce qui fait plaisir. On y échappe au filtre du regard occidental trop souvent paternaliste ou fantasmé. Ici, le Japon est simplement là, vivant, complexe et subtil. Un décor qui ajoute une dimension presque intemporelle au film. Une respiration.
Pourtant, je ne peux m’empêcher de ressentir un certain malaise face à d’autres aspects, et pas des moindres. L’érotisation du corps féminin, bien trop conforme aux standards d’une époque qui, à l’évidence, aurait pu mieux faire. Il y a dans ce choix une facilité regrettable, un reflet d’un cinéma qui ne questionne pas assez ses propres codes.
Et cette héroïne… imagée comme une adolescente dans son corps et son attitude. Elle est douce, perdue, soumise, presque figée dans une dépendance à son partenaire masculin. Le film semble renforcer cette vision romantisée et problématique de l’homme mûr attiré par une femme-enfant. Une dynamique qui, aujourd’hui, laisse un goût amer. L'idéalisation du "romantisme" entre un homme d'âge mûr et une jeune fille soulève des questions qui, à mon sens, mériteraient plus d'examen.
Alors oui, ce film est beau, puissant dans ses silences et ses émotions, mais il est aussi marqué par son époque, pour le meilleur et pour le pire. Une œuvre que je garderai dans un coin de ma mémoire, comme un moment suspendu, mais qui ne me fera jamais totalement oublier ses zones d'ombre.