Ryan Gosling n’est plus à présenter. Acteur talentueux ayant joué pour certains des meilleurs réalisateurs contemporains, il a su faire son nid au sein du cinéma d’auteur comme des films grand public. Fort de ses expériences aux côtés de Derek Cianfrance ou Nicolas Winding Rfn et inspiré par les films de David Lynch, Stanley Kubrick et Brian De Palma, il passe derrière la caméra pour Lost River.
Une chose est sure, Lost River est une œuvre unique qui déroutera les moins averties. Loin de l’image lisse du cinéma hollywoodien, cette première réalisation met en scène un conte cauchemardesque dont l’esthétique est à mi-chemin entre le sublime et l’horrifique. Tourné au sein de Détroit, la ville fictive Lost River s’étiole dans sa fragilité, laissée à l’abandon par ses habitants dont la crise a coupé court à toute activité. Sublimée par une photographie à l’esthétique parfaite (Benoit Debie à la barre), l’atmosphère onirique porte les personnages jusqu’aux profondeurs les plus sombres.
L’histoire tourne autour d’une mère célibataire, démunie face à ses problèmes financiers et de son fils aîné menacé par un voyou psychopathe. Deux personnages forts pour deux environnements différents d’une même ville. Interprétée par une Christina Hendricks sublime, tant par son jeu que par sa beauté, elle incarne la pureté désespérée, et plonge de plus en plus dans l’univers macabre et malsain de ce cabaret morbide aux sous-sols aseptisés et dérangeants. En parallèle, Bones cherche à fuir la réalité avec sa voisine Rat, s’inventant une malédiction causée par le lac et tentant d’échapper au personnage de Bully (parfaitement interprété par Matt Smith), psychopathe dérangé dont la présence plane telle une menace omniprésente déambulant dans les méandres urbains et broussailleuse de cette ville décadente.
Envoutant et terrifiant, Lost River est un conte horrifique qui, malgré un début laborieux, marque les débuts réussis de Ryan Gosling à la réalisation. Un casting sans faute pour un film fort et unique.