Louis ou Louise
4.9
Louis ou Louise

Film de Ed Wood (1953)

Je sais pas si Ed Wood mérite vraiment sa palme du « pire réalisateur du monde ». Honnêtement, en voyant ce film - qui est, soyons clairs, une vraie catastrophe scénaristique - bah j’ai quand même ressenti un certain charme. Oui, c’est mauvais, y’a pas débat. Mais dans le même temps, ses expérimentations sont assez dingues. Quand on connaît pas les règles de base, on peut se permettre n’importe quoi, et Ed Wood s’en donne à cœur joie.


Et puis merde, cette scène de cauchemar : des femmes qui se déhanchent sur un rythme de sabbat, un diable grotesque et pourtant flippant, tout droit sorti d’une version discount de la Black Lodge de Lynch. À ce moment-là, j’ai senti une partie de mon âme prendre la tangente et quitter la salle, et je crois pas qu’elle reviendra. Bon débarras.


Au-delà de ça, je m’attendais pas du tout à un film aussi avant-gardiste dans son propos. Rien que pour ça, il mérite le détour. Même si - et le film le martèle bien - Ed Wood avait beau aimer se travestir, il n’était pas « GAY », ok ? Travesti, oui. Gay, non. On est dans les années 50, faut pas pousser.


Et que dire de Bela Lugosi, qui apparaît de manière totalement hasardeuse et incompréhensible ? Grâce au film de Burton, on comprend mieux : Ed Wood adorait cet acteur, au point de céder à tous ses caprices ; il en était complètement dingo et voulait l’immortaliser encore quelques fois, alors qu’Hollywood l’avait rayé de la carte. On est pas loin du geste d'un Tarantino qui a pour habitude de faire revenir des "ringards".


Et puis voir le réalisateur se permettre d'invoquer le spectre d'Orson Welles et son Citizen Kane dans une intrigue démarrant sur la mort d'un travesti tout en remontant le fil de cette tragédie par l'entremise d'un entretien entre un flic et un psychiatre, c'est succuleusement couillu.


Bref, difficile d’affubler Ed Wood du titre de « pire réalisateur du monde ». Parce qu’en regardant Glen or Glenda, on voit surtout à quel point il aimait le cinéma, à quel point il croyait en son pouvoir réparateur et ludique. Et ça, mine de rien, ça en fait un pas si petit. Le meilleur des moins bons.

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le 20 sept. 2025

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