Était-ce à la hauteur de mes attentes ? Bien sûr que non. Être fan, c’est d’abord, par nature et définition, être une créature fragile condamnée à l’insatisfaction perpétuelle. On fantasme, on théorise, on s’écrit le film mille fois dans sa tête avant même que les lumières de la salle ne s’éteignent. Et plus l’attente est longue, plus la hype bourgeonne et devient incontrôlable. A ce jeu-là, je suis un expert en la matière, le prince des prévisions foireuses. Pas étonnant que j’avais une poignée de mauvaises herbes à arracher avec ces 4 Fantastiques.
Ai-je été déçu ? Bien sûr que non. Être fan, c’est ensuite, par nature et définition, être indulgent, capable de se satisfaire de peu et de pardonner beaucoup. Donner un désert à un fan, et il vous trouvera un oasis. Et ici, honnêtement, j’avais de quoi étancher ma soif. Presque rien de pardonnable. Le film est solide. Et quand je veux dire solide, je veux signifier qu’il tient debout. Rigolez, mais pour un Marvel, c’est déjà beaucoup. On juge un film appartenant à une saga à l’aune de ses frères et sœurs. Les 4 Fantastiques est donc d’une constante qualité, aussi bien dans sa forme que dans sa direction artistique. Ok, la mise en scène est un brun molle et sobre, mais au moins, le découpage des scènes est compréhensible et on s’attarde davantage sur le visage et sentiments de ses personnages avec le respect qu'ils méritent.
Là où il faudrait aller dénicher quelques reproches, c’est dans son habituel narration. La première heure est diablement rythmée et nous happe à notre siège. Mais une fois passé la découverte grandiose de Galactus et la bataille contre son héraut à l’intérieur d’un trou de ver (point d’orgue du film, à mes yeux), on revient s’écraser sur Terre 818 avec une énième préparation d’une invasion alien qui menace – une fois de plus dans un New York ravagé.
En effet, le final manque d’impact. Pas désagréable, mais assez plat. On ne ressent ni la puissance ni la vraie menace que représente f*ck*ng Galactus. Après, c'était enfin le moment de découvrir les 4 Fantastiques en action ensemble. Dommage qu’on n’ait pas eu droit à une vraie synergie de leurs pouvoirs, à l’image de ce qu’avait pu nous livrer Brad Bird dans ses Indestructibles (20 ans auparavant).
Et par ailleurs, si comme moi, vous trépigniez d’impatience de voir Reed Richards poser en équation sa théorie sur les voyages interdimensionnelles au vu de la scène post-credit de Thunderbolts*, vous serez un brun déçu (euphémisme).
Ai-je passer quand même un bon moment ? Bien sûr que oui. Être fan, c'est enfin, par nature et définition, faire partie d'une communauté de pinailleurs qui veulent à tout prix donner leur avis en pensant qu'il a une quelconque importance. Car dans l’ensemble, cela reste franchement de bonne facture. Voir enfin la plus célèbre famille Marvel réuni sur grand écran m’a fait du bien, et m’a rendu un peu nostalgique. Kevin Feige m’a enfin rendu un peu d’espoir (qui n'avait cessé de dégringoler) pour la suite du MCU avec ce joli coup de sifflet pour sa Phase 6.
Car je dois me confesser : j’ai été un mauvaise élève. J’avais complètement décroché de la phase 4 et 5. Pourtant, je me souviens encore de cette époque pas si lointaine où je me déguisais en Iron Man ou Spider-Man pour chaque carnaval. De mes années collège où je découvrais Avengers avec les yeux émerveillés, me rendant le jour de sa sortie en DVD au Cultura de ma ville pour le mater en boucle tous les soirs. Voir même mon époque de lycéen en manque de copine qui passait des cours entier à côté du radiateur à théoriser avec son ami l’arrivée de Thanos ! Bref, tout ça pour dire qu’après une période de désamour, Marvel a depuis quelques mois réussi à raviver une flamme que je croyais éteinte depuis belle lurette. Et ça, c’est déjà pas rien.
Une chose est sûre, c'est que j'espère bien voir la Maison des Idées entrer pleinement dans l'arène, prête à livrer une véritable guerre des titans face au DCU. Une bataille de créativité et de coups d'éclats narratifs. Que cette rivalité pousse chacun à redoubler d'effort et d'audace dans le seul but de nous faire rêver, ou du moins nous divertir comme il se doit.
L'espoir fait vivre, dit-on.