Luc, grandis s'il-te-plait.
Luc, il a un capital sympathie énorme auprès de moi. Et ça uniquement grâce au Cinquième Élément, le film qui a bercé ma tendre enfance. Parce que sinon, il a une sacré filmo de merde. A part peut-être Léon, qui tire son épingle du jeu, je vomis doucement sur tout le reste, Le Grand Bleu, Nikita et compagnie.
Mais bref, passons. Jt'aime bien mon petit Luc, parce que tu parles au gosse qui sommeille en moi.
Et déjà rien que ça, tu peux en être fier.
Par contre, de Lucy, tu n'as absolument pas de quoi l'être.
Encore, à la limite, tu peux être fier d'avoir drogué Scarlett Johansson dans un bar et de l'avoir fait signé pour ton film alors qu'elle tombait dans les vapes.
Ou d'avoir réussi à attirer Morgan Freeman Quoique pour ce dernier, il suffisait de lui faire miroiter un rôle de vieux sage grand sachem à la voix profonde, emballé c'est pesé mon coco.
Mais ce film.
Déjà, l'espèce d'approche pseudo-documentaire mélangée au film en lui-même, c'était peut-être une bonne idée sur le papier, mais en vrai, c'est nul. Couper les scènes avec des jolies nimages de nature et d'animaux, car pendant que Lucy se fait martyriser Morgan Freeman fait son discours de sage devant un Powerpoint magique, je dis non. Enfin, ç'aurait pu être cool, allez, mais ton montage pue.
Olalala, regardez, les méchants asiats s'approchent dangereusement de la jolie européenne, vite, intercalons les images de guépards s'approchant d'une gazelle pour montrer à quel point c'est ressemblant !
Mais mec. A part casser le rythme de ton film, ça sert à rien sérieux.
Et sinon, non, on n'utilise pas que 10% de notre cerveau.
Non, délocker d'hypothétique pourcentages ne fera pas de nous des dieux.
Tu peux le dire si tu veux, c'est ton film, mais rien ne nous fait y croire.
C'est cool de mélanger plein de trucs vrais comme faux pour en tirer un postulat comme ça. Mais quand ça tient pas la route, ben ça se casse la gueule. Et quand la conférence de Morgan Freeman est aussi peu crédible que la mort de Marion Cotillard dans Batman, ben ça donne encore moins envie de se forcer à s'intéresser à ton postulat casse-gueule.
Et puis pour ce que t'en fait.
C'est juste un prétexte pour nous apporter des bastons contre de l'asiatique sur un plateau, au détriment de la cohérence du film.
Sinon, tes acteurs sont mal dirigés. Scarlett est d'un vide intersidéral, au début elle est triste et tout, mais après c'est à peine si elle bouge les lèvres pour parler. Les méchants, ben ils font les méchant standards. Mention spéciale au docteur qui ouvre la demoiselle; apparemment Gary Oldman te manquait un peu. Morgan Freeman, eh ben, il fait du Morgan Freeman hein, c'est pas comme si ça faisait trois plombes qu'il jouait la même chose.
En même temps, avec les dialogues de merde qu'ils se tapent, pas étonnant que la conviction leur manque.
On a rien dans le film. Aucune punchline marquante, aucune phrase émouvante, aucune discussion intéressante et aucun échange palpitant. Que dalle, alors que ce concept de femme qui perd son humanité pour se transformer en déesse se prête au jeu.
La plupart des effets spéciaux sont ratés, ou souffrent d'une direction artistique plutôt laide. T'aurais pu les limiter et en mettre des plus discrets, ç'aurait été plus viscéral. Regarde quand Lucy fait voler les gens, ou les fait tous tomber, pas ou peu de FX, c'est jouissif, on ressent son pouvoir.
Alors que quand elle fait glisser ses mains sur des lignes invisibles, ou qu'elle voyage à travers l'espace et le temps sur son superbe fauteuil Ikea, on ressent rien.
Niveau musique, c'est pas top non plus. On a le droit à un peu de classique, parce que Luc il aime bien mettre du classique quand il va y avoir de la baston. Et puis un peu de boum boum tss, boum boum bip. C'est même pas un putain de morceau ça. Mais à la fin, je me suis rendu compte de ce que c'était.
Bon, j'avoue, tu m'as surpris quand la voix de Damon Albarn s'est collée dessus, avec d'autres instruments. Bien joué. Par contre, n'utiliser que l'intro de l'intro du morceau pendant tout le film pour mettre la chanson entière au générique de fin, c'est vraiment, mais alors vraiment, un choix de merde.
En fait, ce film, c'est juste un assemblage de choix de merde.
Traiter ta tambouille scientifique comme tu l'as traitée, choix de merde.
Profiter du fait qu'une meuf ait des pouvoir pour mettre plein de bagarres jusqu'à ce que ça n'en soit plus crédible, choix de merde.
Mettre des effets spéciaux moches un peu partout, choix de merde.
La musique, choix de merde.
Le fait que tu n’aies quasiment rien fait pour qu'on empathise le personnage principal, et que les personnages secondaires soient quasi-inexistants, gros, mais alors, gros gros choix de merde.
Aller voir Lucy, choix de merde.
Je disais plus haut que Luc parlait à l'enfant qui sommeille en moi. Et c'est vrai, parce qu'il a encore une vision d'enfant sur ses films. Il y avait moyen de faire plus, beaucoup beaucoup plus.
Lucy n'a pas passé l'adolescence, et s'est transformé en un exutoire pan pan boum avec un vague concept pour l'ancrer quelque part.
C'est ça ton problème Luc, si tu grandissais, tu pourrais faire des choses sympas, j'en suis sûr. Hors, tes films n'ont pas assez de maturité pour ça; tu devrais essayer de parler aux adultes, et non plus aux enfants.
Si je te mets presque la moyenne, c'est parce que quelque part, j'ai encore mon âme de gosse, et que j'aime bien le message que t'essayes de faire passer, la culture et le savoir avant tout.
Mais comme tout le monde, je grandis. Et comme tout les adultes, je préfère quand on s'adresse à moi de manière adulte. Ton film, c'est un peu "Gouzi gouzi femme sexy pan pan trop puissant".
J'ai passé l'âge, il me faut quelque chose d'autre derrière.