Ludwig van B.
6.7
Ludwig van B.

Film de Bernard Rose (1994)

Il n'entendit jamais ses plus belles compositions...

Loin de tout esprit de vengeance et de jalousie artistique, le film suit la vie de Beethoven comme un roman. Avec ses étapes, ses séquences, ses différents épisodes (son passage en tant que professeur de piano, sa vie solitaire dédiée à la musique, le scandale de la découverte de sa surdité…). En cela, le film privilégie l’absence de vision, il se contente, comme nous, de suivre le cours de sa vie en changeant de ton quand cela s’impose. Mais il faut néanmoins une tragédie, car nul génie ne peut recevoir le compliment sans en subir une. Pour Beethoven, ça sera son incapacité à perpétuer son talent. Après le fiasco de ce fameux concert où l’orchestre saborda la représentation, déclenchant des huées du public devant un Beethoven dépassé par les évènements, le musicien est tombé en disgrâce, puis c’est son meilleur ami qui décède, léguant à sa veuve manipulatrice ses biens et une partie de la musique de Beethoven. On a alors une curieuse partie juridique pour la garde de l’enfant (une étrange impression de divorce avant l’heure), qui revient finalement à Beethoven. Ce dernier donne à son protégé une éducation essentiellement musicale, sans que ce dernier manifeste hélas un quelconque talent en la matière. Car le talent n’est pas donné à tout le monde, et la contrainte, à moins d’une personnalité inexistante, engendre rarement le perfectionnisme nécessaire au jeu d’un instrument. C’est là la déchéance de Beethoven, s’acharnant à vouloir continuer à vivre par l’intermédiaire d’une nouvelle génération qui n’a pas l’étoffe nécessaire. On appréciera alors de voir le thème poussé assez loin, jusqu’à la tentative de suicide du gamin devenu jeune adulte (brisé par son incapacité à satisfaire les desseins de son oncle), et cette séquence de cinéma où Gary Oldman nous livre un Beethoven hagard, consumé par sa vie et la boisson, errer comme un zombie sur un parvis d’église. Aucun spoil concernant l’enquête, la révélation viendra avec le visionnage du film. Ce dernier se révèle donc être un biopic plutôt bien troussé, honnête dans son jeu d’acteur et parfaitement limpide dans ses intentions.
Voracinéphile
7
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le 2 oct. 2014

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Voracinéphile

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