Lunes de Fiel nous conte l'histoire d'un amour passionnel et destructeur entre un écrivain américain et une jeune parisienne. D'abord sentimentale et physique, la relation des deux amants sombre ensuite dans la lassitude, le jeu, la jalousie, le sacrifice, la violence aussi bien physique que verbale... Et chacun, à tour de rôle, se met à posséder l'autre à sa manière jusqu'à l'anéantissement du couple.

Roman Polanski interprète de façon très personnelle et avec brio le livre éponyme de Pascal Bruckner sur la passion destructrice qui peut naitre d'une relation entre deux êtres. Ou comment une relation passionnelle et sentimentale qui s'essouffle peut se transformer en relation conflictuelle lorsqu'aucun des deux ne parvient à y mettre fin. L'un et l'autre devenant successivement victime et bourreau. C'est l'évolution d'une dépendance.

Certes, la mise en scène peut sembler un peu dépassée par moment et certains passages apportent leur dose de bons sentiments, mais sont-ce vraiment des défauts ? Je ne pense pas. Il s'agit seulement de choix de réalisation, certainement justifiés au moment du tournage, comme le choix final qui, d'une certaine manière, sauve les deux personnages principaux.
On peut aussi se questionner sur le jeu d'Emmanuelle Seigner, ou en tout cas sur ce qu'elle essaie de faire passer à l'écran. Mais rassurons nous, une fois habitués à son regard de poisson mort, tout rentre dans l'ordre. Elle peut même paraître très sensuelle dans certaines scènes. Ne lui en demandons pas trop non plus. Le reste du casting est irréprochable, Peter Coyote en tête.

Les dialogues sont également une des grandes qualités du film, parfaitement écrits et parfaitement choisis. Ils reflètent à merveille le propos tenu. On retiendra également quelques scènes délectables comme, à titre d'exemple, le final de la soirée du nouvel an (pour moi la meilleure du film).

Bref, Lunes de Fiel est dérangeant, nous met parfois mal à l'aise. Mais il est tellement humain.

Peu de réalisateurs sont capable d'une telle profondeur, d'une telle justesse au sujet des relations humaines et sentimentales. A ranger d'urgence au côté de Belle de Jour de Bunuel.
Tripalium
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le 11 oct. 2011

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