Lurker
6.7
Lurker

Film de Alex Russell (2025)

Dans un même esprit que le film Le Fan (1997), Lurker nous présente un gentil jeune homme (avec la bonne bouille de Théodore Pellerin) qui devient un peu trop intrusif dans la vie de sa vedette préférée... Lurker ne réinvente pas l'eau chaude, possède une morale finale assez discutable (on y reviendra), a une BO qui régalera les amateurs des chansons d'ambiance oubliables de chez Kiabi (mais qui peut être fan de cette soupe musicale, qui ?), mais avec des plans souvent très beaux, un rythme parfait (on ne s'ennuie jamais, et pour peu que vous n'ayez pas encore vu le film de 1997, vous serez glacé par l'intrigue malsaine), et désignons l'éléphant dans la pièce : Théodore Pellerin bouffe l'écran à chaque minute. Celui qui volait déjà gentiment (sans forcer) la vedette au non moins excellent Daniel Brühl dans la série Lagarfeld (très bonne série, si vous ne l'avez pas encore regardée), remet le couvert avec son jeu terrifiant de talent, passant de façon virtuose de l'agneau attendrissant (le petit fan qui suit naïvement sa star favorite) au loup machiavélique (il ne laisse rien au hasard, et est prêt à tout pour se faire sa place dans la bande...). Les ressorts narratifs du scénario sont bons, surtout en restant dans l’œil du fan (qui ne voit pas le problème), ce qui ajoute au côté malsain de cette intrigue qui nous fascine. Malheureusement, la fin nous a légèrement gâché la fête, la faute à une morale et crédibilité douteuses, qui au moins récupèrera l'argument de l'originalité : on ne s'y attendait pas, et l'on pensait à une fausse fin dans la tête du jeune fan... Tout simplement car rien ne tient debout dans cette fin. Comment croire que

les amis du chanteur laissent passer cet abus de confiance, n'aillent pas porter plainte, ne se désolidarisent pas du groupe daubé de l'intérieur, comment croire que le chanteur soit si soudainement aveuglé par le talent de son bourreau (c'est un peu fort, comme twist... A la limite, on aurait pu comprendre qu'il ait pitié des gnons qu'il ramasse en martyr illuminé par les phares de son van, une image assez attristante, mais de là à pondre que l'épiphanie est en réalité le dernier tube qu'il a monté, et que cela le décide à l'embaucher pour plusieurs années, on n'y croit pas une seule seconde).

Surtout que ledit tube est encore un auto-tune sur lequel on ne se retournerait pas si on l'entendait en magasin vestimentaire (la musique ? Quelle musique ? Par contre, regarde-moi ce petit ensemble à moitié prix, là...). Lurker se conclue donc sur la morale casse-gueule qui fait

finir le harceleur avec les honneurs, avec un manque de jugement moral pour souligner combien cette situation finale est horrifique, et non pas positive. On a presque l'impression que cette fin lui donne raison depuis le début.

N'empêche, Lurker est un honnête film psychologique qui modernise le concept de Le Fan, avec une maestria de Théodore Pellerin qui, à son jeune âge, n'a pas de leçon à recevoir de l'interprétation de De Niro dans le rôle éponyme. Et ça, c'est la classe.


Aude_L
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le 19 sept. 2025

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