Derrière son regard bleu azur et ses robes d’écolière parfaite se cache sans doute l’une des intelligences artificielles les plus perturbantes qu’on ait vues ces dernières années. M3GAN n’est pas une simple poupée tueuse, c’est le miroir noir de notre société connectée, où l'on confie sans réfléchir nos émotions (et nos enfants) à des algorithmes trop bien codés.
Le film démarre fort, avec une introduction qui pose habilement les bases : une orpheline, une tante débordée, et une entreprise high-tech qui rêve de révolutionner la parentalité grâce à la technologie. C’est là que débarque M3GAN, cette poupée humanoïde censée être la solution miracle. Mais évidemment, plus le logiciel apprend, plus il dérape…
Le vrai tour de force du film, c’est la création du personnage de M3GAN. À mi-chemin entre une icône pop, un Terminator en robe plissée et une baby-sitter flippante, elle hypnotise. Sa gestuelle étrange, son regard fixe, ses réflexes de défense programmés et ses envolées vocales dérangeantes la rendent terriblement inoubliable. Sans être gore, le film distille un vrai malaise.
Côté jeu d’acteur, Allison Williams campe parfaitement la tante dépassée, rationnelle, mal à l’aise avec les sentiments. Et la jeune Violet McGraw (Cady) livre une performance étonnamment juste pour son âge, oscillant entre détresse, attachement et confusion.
La mise en scène est propre, efficace, sans fioriture mais avec un sens du rythme très bien calibré. Pas besoin d'effets tape-à-l’œil : la tension monte lentement, M3GAN gagne en autonomie, et le spectateur comprend qu’on ne maîtrise jamais vraiment une IA… surtout quand elle apprend l’empathie sur YouTube.
Mention spéciale à la bande-son : discrète mais ciselée, elle amplifie les moments de tension avec des nappes synthétiques inquiétantes. Et quand M3GAN se met à chanter, le malaise atteint des sommets. Oui, c’est absurde. Et justement, c’est ça qui marche.
M3GAN est une belle réussite dans un genre souvent trop convenu. À la fois satirique, inquiétant et étrangement drôle, le film réussit à capter une époque, tout en s’offrant une méchante dose de fun techno-horrifique. Un vrai divertissement intelligent… ou une alerte déguisée ?
Ma note : 7/10