Machete Kills.... Mais s'émousse un peu...

J'adore les films d'exploitations. Séries B, séries Z sont, lorsqu'elles sont bien faites, toujours une source de fous rires et de bonheur pour moi.

C'est cette affection un peu coupable mais pas trop du genre (et aussi la superbe fausse bande annonce lors du dyptique Grindhouse) qui m'a poussé à aller voir au cinéma le premier Machete de Robert Rodriguez (qui m’avait fait très plaisir avec le rigolo Planète Terreur).

Et j’ai kiffé ! Voir Danny Trejo et sa gueule burinée trancher à grands coups de coutelas des bad guys, accompagné de charmantes donzelles au décolleté plongeant et aux cuisses luisantes, était un pur plaisir, sublimé par la présence de monsieur Steven Seagal dans le rôle du « boss de fin ».

Grisé par cette expérience, je me suis donc lancé, certes tardivement, sans réticence aucune dans le visionnage de la suite de cette petite pépite : Machete Kills.

Quelle est donc la raison qui va pousser notre mexicain moustachu à reprendre la machette ? Sans surprise une vengeance…Mais pas que. Notre ami Machete va être ni plus ni moins recruté par le président des USA himself (interprété par le grand Charlie Sheen, crédité ici sous son vrai nom) afin de stopper un dangereux révolutionnaire mexicain qui menace de détruire Washington.

Sans surprise donc, scénario prétexte mais ce n’est évidemment point pour de la subtilité ou des twists de ouf’ que l’on va se plonger dans cette histoire (qui n’aura rapidement plus rien de cohérent). Et c’est assez jouissif de voir à quel point un casting tout de même relativement prestigieux (Mel Gibson, Antonio Banderas, Cooba Jr, Charlie Sheen) peut tout mettre en œuvre pour sublimer ce monument de grand n’importe quoi. La fausse bande-annonce pré-film annonçait la couleur, le film en lui-même la confirme, nous confortant dans l’idée que Rodriguez et ses scénaristes doivent consommer pas mal de substances illicites (en même temps il est mexicain…Mode cliché raciste OFF) pour nous pondre ce succulent met de « what the f*ck ». Il me serait très difficile de m’étendre sur ce topic sans spoiler, ce qui serait dommage pour quiconque veut se lancer dans l’aventure mais sachez simplement que l’histoire du premier opus parait démesurément cohérente et censée par rapport à celle du second…Vous voilà prévenus.

Si cet aspect assumé fait plaisir, la supposée surconsommation de drogues de notre ami réalisateur ne donne malheureusement pas que des bonnes choses. On sent que l’homme n’est jamais à court d’idées…il devrait sans doute. Machete Kills a en effet une palette impressionnante de personnages, tous plus débilo-cinglés les uns que les autres mais qui n’arrivent pas forcément à tous tenir correctement en près d’une heure cinquante de film. Il en ressort une impression de produit mal fini, un rythme beaucoup moins soutenu que le premier opus. Dans l’ensemble, le film se rapprocherait plus d’une succession de scénettes, absurdes et, prises indépendamment, jouissives mais qui sont liées par un fil tellement fin que l'on a une sensation d’overdose d’un plat parfois un peu fade.

Machete Kills est un film où l’affect jouera énormément. Il faut aimer l’univers, le personnage et le cast pour vraiment y prendre son pied. Là où le premier film surprenait et pouvait satisfaire un public pas forcément amateur du genre mais juste désireux de voir un film marrant, ici il s’agit clairement de fan service la plupart du temps, Rodriguez s’amusant apparemment plus à faire son héros multiplier les catch phrases (certaines restent savoureuses au demeurant), faire des actions « badass » (certaines restent très originales au demeurant), et rencontrer des noms prestigieux des films d’action (certaines rencontres restent très fun au demeurant) que de réellement pondre un film construit pour son héros fétiche.

« C’est bien mais pas top » nous disait Alain Chabat dans la Cité de la Peur et cette petite réplique s’applique parfaitement ici. Machete Kills s’il est loin d’être désagréable, reste une petite déception qui ne réitèrera pas la réussite de son illustre prédécesseur et il faudra une un peu plus forte absorption d’alcool et un peu plus de potes autour de vous pour vraiment vous éclater. Dommage…
Jean-Noël_Honta
6

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Créée

le 28 janv. 2014

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