Après un premier opus à la ramasse, George Miller semble enfin avoir compris quoi faire de son univers.
Mad Max premier du nom, c'était un ramassis de clichés, chiant et sans intrigue, qui tentait désespérément d'être larmoyant et misait tout sur un groupe d'antagonistes complètement débiles et des scènes d'action molles. Mad Max 2 est un ramassis d'archétypes dont l'intrigue tient sur deux pages A5, mais dont l'univers et le background forment une base solide et qui sait offrir des scènes d'action jouissives. Comme quoi il ne fallait pas beaucoup de différence (mais un peu plus d'argent) pour faire un bon film avec cette même base...


Expédions les défauts vite fait bien fait : des accélérés dégueulasses qui réussissent l'exploit d'être plus nombreux que dans le premier, l'absence d'émotions (encore que ce soit cohérent avec l'univers mis en place) et une nuit particulièrement mal éclairée. Voilà.


Concernant les qualités : déjà rien que l'introduction donne des enjeux et un sens à un univers post-apocalyptique qui semblait bien trop vide dans le 1. On retrouve ensuite Max, solitaire après la mort de sa famille. D'ailleurs, je n'ai toujours pas compris cette scène dans le premier où l'on voit la femme et l'enfant gravement blessés à l'hôpital, qui pour moi voulait dire qu'ils avaient survécu. M'enfin, j'étais tellement passif devant Mad Max que je ne faisais aucun effort de réflexion.


Max, c'est le cliché de l'anti-héros badass et sombre, hanté par son passé. Cependant il est doublement agréable à suivre : d'une part, grâce à ses réactions intelligentes face aux situations de danger, on est loin de la connerie du 1. D'autre part, grâce au chien. Le chien de Max, ça représente son animalité qui a repris le dessus, et le pousse à suivre un instinct sauvage pour sa survie. Cela se voit par exemple dans un des mes plans préférés du film, où Max laisse son fusil pointé vers le mec à l'hélico et attache son chien à la détente. Ce qui menace cet homme, ce n'est pas le gentil Max au fond de lui, c'est son animalité qui le rend méfiant et dont il se sert d'armure. Cela a d'autant plus de sens que cette armure est une illusion, ce qu'on saura en apprenant que depuis le début, le fusil n'était pas chargé. Max se donne l'image d'un guerrier solitaire, et finit même par croire en cette image qu'il se donne. Jusqu'à ce qu'on tue son chien. C'est à ce moment là que Max passe de l'anti-héros au héros, et qu'il va aider le village à s'enfuir avec le carburant face aux sauvages. Ce n'est certes pas un développement psychologique incroyable, mais ça a le mérite de se faire subtilement et symboliquement.


La question de l'animalité est un des thèmes principaux du film. Dans le premier, c'était aussi le cas, mais les "hommes-animaux" en question étaient trop cons pour que les enjeux soient intéressants. Ici, le sujet est bien traité. Même si l'histoire peut paraître très manichéenne au premier abord, elle ne l'est au final pas tant que ça. En quoi les villageois qui possèdent la raffinerie sont ils plus valeureux que les sauvages ?
D'un côté on a des "hommes-animaux" au système caricatural de la loi du plus fort, avec un chef qui se prend pour un empereur romain.
Mais de l'autre, on a des gens qui se sont appropriés les réserves d'essence et qui, comme tout bon raciste xénophobe, se disent supérieurs à ces "sauvages" dehors, qui veulent la même chose qu'eux. Ils n'hésitent d'ailleurs pas à faire exploser la raffinerie après s'être enfuis, histoire de sacrifier des ressources qui auraient pu servir à des centaines voire des milliers d'autres qu'eux. Mais l'humain est ainsi fait : il préfère détruire que de laisser aux autres. D'ailleurs, cette explosion est certainement l'un des plus beaux plans en slow motion que j'ai pu voir depuis un petit moment.


Parce que oui, esthétiquement, Max Max 2 est beau. On sent une composition des plans bien plus riche que dans le premier (bien que ce soit surtout permis par l'augmentation du budget). La séquence d'action finale traîne peut-être légèrement la patte, mais on est loin de la mollesse qui caractérise le premier opus.


Enfin, l'OST est réussie dans la mesure où elle rend à la fois un sentiment de dantesque et de démence. Cela correspond parfaitement à l'ambiance, qui mêle grosses courses-poursuites et univers barjot.


Bref, un bon film, blockbusteresque à souhait, et qui en dehors de son grain de pellicule et de ses accélérés dégueulasses a très bien vieilli ^^

Naskor
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le 12 juin 2015

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Naskor

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