Furieux plaisir de cinéma, Mad Max Fury Road est un impressionnant bolide en mouvement : deux heures de route à pleine puissance dans le désert, deux heures d’une impitoyable course pour la survie et la liberté dans un univers post-apocalyptique nourri de haine et de soumission. Sans compter la rencontre, Max et Furiosa : la méfiante complicité qui les réunit donne l’intensité sauvage, brute, humaine finalement, à l’épopée.


Ce sont bien le bruit et la fureur qui rythment le film, la puissance des moteurs, qui n’est pourtant rien face à la rage des hommes. Un film a cent à l’heure, dans d’imposants paysages désertiques, un univers précis, où l’on retrouve ce qui faisait les épisodes précédents : le film en mouvement, le convoi attaqué, les sociétés post-apocalyptiques, claniques, où l’ordre et la discipline gardent les plus faibles à l’écart dans le chaos. Plus que dans le premier, qui reste la genèse. Max, ici, est hanté par ses démons, les morts laissés sur sa route, tous ceux qu’il n’a pas su sauver. C’est un film de rédemption, les dialogues insistent d’ailleurs dessus, celle de Max bien sûr, vers une paix qu’il ne trouvera jamais, celle de Furiosa également, plus obscure, moins intégrée dans la narration.
Les comédiens, Tom Hardy et Charlize Theron, sont plus qu’à la hauteur du strict minimum imposé par ces rôles très caractérisés, entiers. Les rares émotions, ce qui se noue entre eux sans un mot, sans qu’ils ne s’offrent le loisir d’y songer, tout passe dans leurs regards.
Le folklore n’est pas là.


La photographie, le montage. Les couleurs. Graphiquement le film est magnifique, fluide, resplendissant jusqu’en pleine tempête de sable. Époustouflant. L’image souligne toujours les véhicules, les maquillages, les gueules, les mécaniques. Les cascades sont filmées dans le rythme du réel, peut-être avec un très léger ralenti, impressionnantes de réalisme.
Le film le plus abouti de la série aujourd’hui, parce que plus moderne, plus contemplatif, plus dangereux, plus incertain. Parce que le plus beau, le plus fluide, le plus tendu. Insaisissable, inarrêtable, puissant. Parce qu’aussi, le seul qui joue longtemps de l’immobilisation, le seul qui envisage l’épuisement, le seul qui propose un espoir de reconstruction.


Mad Max Fury Road, c’est une scène d’action unique, étirée sur deux heures, sans un temps mort, sans répit pour les personnages. Une maitrise scénaristique en flux tendu entraine le film, et la virtuosité de George Miller illumine la forme parfaite de l’objet cinématographique, au sens le plus pur du divertissement. Bijou de fureur, Mad Max Fury Road est un film rare. Magnifique, un vrai bonheur de cinema, un plaisir immense qui se vit sur grand écran, en salle obscure.


      Matthieu Marsan-Bacheré

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