Il est des films un peu ratés, un peu maladroits, pas complètement satisfaisants, qui quelque part, nous parlent plus, nous touchent plus profondément que bien des chefs d’œuvre incontestables. "Man on High Heels", un polar coréen peu vu et mal défendu par la critique française, laissera ainsi un souvenir plus personnel que ce à quoi on pouvait légitimement s'attendre : pas à cause de scènes de baston sanglantes, cruelles et indiscutablement efficaces (on est désormais habitués aux caractéristiques disons extrêmes du cinéma coréen...), mais plutôt du fait de l'émotion très pure qui se dégage de son très bel - dans tous les sens du terme - acteur, Cha Seung-Won : machine à tuer indestructible et super virile, qui fait visiblement "bander" ses ennemis, ou silhouette féminine à la beauté troublante... ou plutôt les deux à la fois, Cha Seung-Won devient une icône bouleversante du transgenre : sa démission finale devant un monde de violence macho, qui ne le laissera jamais devenir lui-même, scelle notre amour pour ce petit film bizarre, au rythme hésitant - par exemple avec son trop plein de flashbacks stéréotypés -, à la narration pas toujours convaincante, mais qui se nourrit du trouble de ses personnages instables, indécis... Un film profondément attachant. [Critique écrite en 2017]