L'homme n'a jamais été autant un loup pour l'homme qu'aujourd'hui, à partir du moment où l'argent est plus que jamais le nerf de toutes les guerres sociales. Mano de obra est un exemple cinématographique de plus de la lutte des classes, cette fois-ci au Mexique, mais il témoigne aussi de la lutte à l'intérieur des classes, quand les plus pauvres, au-delà d'une solidarité éphémère, n'hésitent pas à trahir leur condisciples selon la loi de l'avidité humaine. Le premier long-métrage de David Zonana a un côté fruste, tant dans sa réalisation que dans un scénario qui ne donne aucune explication superflue. Cela donne un film rythmé mais qui frustre par son peu de goût pour la psychologie, notamment celle de son personnage principal, parfois indéchiffrable dans son comportement et surtout présenté à grands traits, sans approfondissements, dans sa vie hors du travail et de sa famille. Le film se déroule pour la plus grande partie dans l'appartement en construction d'un riche propriétaire dont on ne sait pratiquement rien et dont la disparition est pour le moins mystérieuse. Le scénario se veut radical et factuel mais ce positionnement a quelque chose d'univoque et de monotone dans le sens où le film, privé d'humour et d'un regard social plus élaboré semble ne vouloir atteindre qu'un seul but sans prendre de recul. Mano de obra est certes une démonstration efficace sur un sujet récurrent dans le cinéma latino-américain mais il lui manque cependant un peu d'ampleur et de distance dans son traitement.

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le 27 août 2020

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