En avance sur son temps (comme d'habitude) notre Clouzot : dénonciation de l'épuration sauvage, en particulier du sort des femmes tondues, alors que la plupart des films sur cette période mettaient en valeur la Résistance dans un soucis de rassembler les Français à l'heure de la reconstruction nationale. Pas gaulliste pour un sous.
Très belle photographie, les acteurs au top, Clouzot à la réalisation donc de bonnes scènes, notamment celle du train où l'on ressent bien l'étouffement des transports en commun, les gens désagréables au possible. Seul un cinéaste comme lui peut arriver à sortir une telle scène dans un film d'amour. C'est dire à quel point il est bon dans le thriller.
On retrouve toute la noirceur de ses films : ces hommes cruels, et cette femme libre qui rappelle furieusement le personnage de Bardot dans La Vérité (qui sortira 11 ans plus tard).
En revanche, le film est trop long. La fin m'a semblé interminable dans le désert.
Mais si ce n'était que ça... Les dialogues amoureux entre les deux protagonistes sont parfois franchement ridicules. Je comprends bien que Clouzot a voulu montrer une passion dévorante mais ces dialogues cassent complètement la noirceur du film, son réalisme froid.