Dommage de ne pas avoir lu le livre jusqu'au bout, hein ?

Marche ou crève (The Long Walk ou La Longue Marche pour nos amis québécois) est une énième adaptation (ou plutôt une presque-adaptation, j’y reviendrai) d’un roman de Stephen King. Cette fois, c’est Francis Lawrence (à qui l’ont doit notamment Constantine, Je suis une Légende ou la plupart des Hunger Games) qui se prête à l’exercice. Un type qui offre du divertissement et qui s'y connait en adaptations donc.

Le synopsis ? Dans les États-Unis d’après guerre, une grave crise économique frappe le pays et les jeunes américains se retrouvent pour la plupart dans la précarité (un scénario totalement irréaliste, n'est-ce pas ?). La solution ? La Longue Marche, un événement annuel où 50 jeunes volontaires (100 dans le roman) sont tirés au sort pour y participer. Le concept ? Simple comme bonjour : on marche à une vitesse de 5 miles/h (environ 8km/h) le plus longtemps possible. Si on passe en dessous de cette vitesse plus de dix secondes : un avertissement. Après trois avertissements : tu crèves. Et le dernier en vie gagne une très grosse somme d’argent et peut exaucer l’un de ses souhaits. Il pourra ainsi se payer à ses frais la meilleure thérapie possible après avoir assisté à la mort de plusieurs dizaines de personnes.

Pour ce qui est du roman : oui, je l’ai aimé. Stephen King nous propose en 1979 une dystopie d’après guerre où la jeunesse américaine est plus ou moins contrainte de participer à cet événement où chaque participant n’a qu’une chance sur cent de devenir riche et 99 % de chances de mourir. Au travers du récit se nouent des amitiés entre les adolescents (car oui, dans le roman on tire sur des mineurs, mais ça passe moins au cinéma en 2025), du partage, de la haine parfois, parmi un groupe d’individus venus d’horizons différents, avec des motivations différentes, mais qui vivent le même cauchemar sur la base du volontariat. On assiste impuissant à cet enchaînement d’exécutions sur des jeunes épuisés physiquement et/ou mentalement, blessés, parfois même dénués de toute volonté de continuer de vivre (plutôt crever que marcher, pour le coup). Et bien que l’on suive principalement le jeune Ray Garraty, nous vivons les péripéties de ce drame où un groupe de jeunes est victime d’un système mis en place pour les erreurs commises par les générations précédentes (encore une fois : totalement irréaliste).

Le film est assez cohérent sur la représentation des différents personnages, ainsi que les relations entre ceux-ci, bien qu’il est évidemment très éludé par rapport au roman. On voit forcément moins de choses, on en apprend forcément moins sur la vie de ces jeunes adultes (puisqu’ils ont apparemment 18 ans dans le film), mais ça encore ce n’est pas grave, car c’est le propre d’une adaptation : on ne peut pas adapter 100 % d’un roman de presque 400 pages sur un film de moins de deux heures, c’est impossible. Après ce n'était par contre pas forcément nécessaire d'adapter la scène du pauvre participant qui à la chiasse de manière aussi détaillée... mais bon, chacun ses priorités j'imagine.

En termes de cinéma donc : le montage est plutôt satisfaisant. On a certes pas mal de plans assez longs où l’ont voit simplement des personnages discuter et marcher mais c’est le propre de l’œuvre. On ressent le fait qu’on est dans une épreuve longue, pesante, usante, on partage un peu de leur quotidien. Le jeu d’acteur va du « pas trop mal » à « je surjoue pour montrer que mon personnage devient fou ou va mourir d’épuisement », en gros c’est ni exceptionnel ni très mauvais, on est dans un niveau global moyen. Les effets spéciaux lors des fameuses exécutions sont plutôt convaincants (je me suis même surpris à lâcher un "Ah oui quand même" pour la première du film). On sera donc d'accord pour dire que ce film se regarde assez bien et tiendra en haleine ceux qui n’ont pas lu le roman.

PAR CONTRE, si vous faites comme moi partie des gens qui ont lu le roman avant de voir le film, on a un petit problème non ? Pour résumer simplement : jusqu’au moment où il ne reste plus que trois participants on est plutôt bon, et d’un coup : on oublie le roman et TOUT CHANGE ?! Alors oui, je suis d’accord qu’on puisse changer certains éléments par rapport à l’œuvre originelle. Mais là c’est une totale réécriture de la fin du film, qui n’est du coup plus DU TOUT une adaptation de Stephen King. Sans spoiler bien sûr, et même si on nous vante la valeur du « sacrifice pour ce nouvel ami que l’on connaît depuis 4 jours », on chie un peu sur le roman là. C’est comme si à la fin du Seigneur des Anneaux, Frodon mourrait, Sam gardait l’Anneau et Gollum ne mourrait pas. On est d'accord que c'est plus la même chose là, non ? Si on change l’histoire, on change d’œuvre et on ne peut plus parler d’adaptation mais d’inspiration, éventuellement.

Donc non, le film n’est pas mauvais, un 5/10 n’est pas une mauvaise note, c’est la moyenne (enfin je crois). Il aurait même eu 6 si la fin ne m’avait pas déçue. Ça se regarde, mais mieux vaut lire le roman (qui en plus coûte deux fois moins cher que la place de cinéma).