D'une histoire d'amour entre deux êtres issus de deux camps rivaux, sans doute l'antienne du récit la plus vue ou entendue depuis les origines mêmes du conte, le film devient un bijou serti dans une imagerie et une iconographie d'une beauté aussi rare que stupéfiante. Aussi radicale, féroce, expressive que mystérieuse, sensationnelle et sacrée.
Quand dans le même mouvement de fantasmagorie qui estompe l'entre deux poreux entre la réalité et l'imaginaire, jusqu'à plonger le spectateur dans un moment où ses repères sensoriels vont divaguer, l'ambiance sonore volontairement clivante et hermétique, participe à cette étrangeté, y compris et surtout dans sa façon d'être comme en écho, mêmes les dialogues semblent lagués par rapport aux images, de dérageant à prime abord, l'oreille finit par s'habituer et à plonger corps et âme dans une aura de fantastique affleurant la narration de ce conte. Sans contestes l'un des films les plus époustouflants, les plus esthétiquement remarquables, les plus passionnants à découvrir qui soient et néanmoins sa rugosité formelle vous obligera à un effort pour l'accueillir.
C'était le premier film de Frantisek Vlacil que je découvrais et j'ai été ébloui, incapable de poser des mots sur mon ressenti et même aujourd'hui, après plusieurs mois, après avoir découvert d'autres œuvres tout aussi sidérantes de beauté que remarquables dans leurs thèmes, de ce cinéaste tchèque rarement commenté, je ne crois pas que mes mots pourront égaler l'extase, la transe qui fut la mienne lors de cette découverte marquante.