Revenant à un récit simple et universel après le très raté car bavard et hermetique The Meyerowitz Stories, Noah Baumbach signe avec Marriage Story, l’un de ses meilleurs films. Peut-etre a égalité avec Frances Ha sorti en début de décennie.
L’histoire est donc toute bête, contrairement a ce que nous dit le titre Marriage Story est l’histoire d’un divorce. Celui de Nicole (Scarlett Johansson) et Charlie (Adam Driver) tout les deux artistes. Actrice pour elle et metteur en scène de théâtre à New York pour lui.
Charlie et Nicole s’aiment peut-être au moment de commencer le divorce. C’est du moins ce que l’n peut penser lors de plusieurs scènes a deux tout au long du film et plus encore dans la brillante scène d’introduction ou chacun nous raconte les qualités de l’autre avant que ceci ne soit brusquement arrêté. Ces textes ne seront pas connus de l’autre, nous sommes chez un médiateur en prévision de la séparation, il leur a demandé d’écrire cela puis de le lire à voix haute mais le processus n’ira pas au bout.
Le couple aurait encore pu se sauver si chacun avait écouté ne serait-ce qu’un peu plus les désirs de l’autre. Au lieu de ça il va finir par se déchirer, malgré eux et par l’entremise d’un système judiciaire qui est le véritable « ennemi » du film.
Au final le couple aura bien peu de prise, comparativement à leurs avocats (joués par les excellents Laura Dern, Ray Liotta et Alan Alda), et s’ils se retrouveront a se faire trop souvent une guerre jamais souhaitée, c’est pour la garde de l’enfant Henry et surtout le lieu de l’école de celui-ci.
Le combat judiciaire fait de trahisons et coups tordus occupant la majeure partie du film.
Les avocats pénalistes voient la meilleure part de mauvaises personnes
; les avocats en droit de la famille voient le pire côté de belles
personnes.
En témoigne ce qui est surement la meilleure scène du film : un rendez-vous ou les deux futurs ex-époux se regardent sans rien dire -chacun à une extrémité des bancs installés- pendant que l’on s’échine a raconter à leurs places les petits secrets et ratés et intimes pour discréditer l’autre.
Le père ne voulant pas quitter New York et sa troupe et la mère voulant recommencer une nouvelle auprès de ses proches à Los Angeles. Là ou le film réussit admirablement, c’est qu’au moins dans ses dialogues il ne prend pas parti. Chacun ayant ses raisons et des torts, parfaitement entendables et équitablement répartis.
Pour ce qui est de l’agencement des séquences, Baumbach prend un parti que l’on peut regretter, privilégier le parcours de Charlie au détriment de Nicole, l’équilibre est trop inégal en ce qui concerne la stricte présence à l’écran. Mais il est possible de le justifier par la phase « maman » de l’enfant prononcée dans le récit du film. Le parcours du père pour faire valoir ses droits et faire entendre ses droits son amour de son fils nécessitait possiblement une plus longue durée et cela peut s’entendre. Cela occasionnera d’ailleurs aussi drôle que gênante et triste pour ce père vers la fin du film.
Ce parti pris donne et l’on ne va pas s’en plaindre, l’occasion à Driver de confirmer son talent comme rarement il a pu le faire malgré la constance de son niveau. Ici il impressionne par sa justesse et un calme constant qui font dorénavant de lui un candidat crédible mais surtout souhaitable a l’oscar du meilleur acteur en février ou mars prochain. Malheureusement ce n’est pas le cas de sa partenaire, Scarlett Johansson qui si elle brille par instants (au début puis lors d’une scène de chorégraphie familiale) parait parfois forcer son jeu pour faire ressortir une « performance » dans un long métrage qui ne le demande pas. A sa décharge cela doit faire depuis 2014 que l’on ne lui pas donné de rôles marquants ou intéressants a jouer, peut-être avait-elle à cœur de prouver qu’elle peut faire autre chose que Black Widow…
Ajoutez a cela la très belle partition de Randy Newman comparable en qualité a celle de La-Haut il y a presque 10 ans.
Marriage Story de Noah Baumbach est un long métrage qui s’il n’est pas parfait et contient quelques lourdeurs ici et la mérite que l’on s’y attarde.
Au moins pour la pertinence de son propos, de son écriture et un acteur principal au sommet.