Des vaisseaux martiens se regroupent près de la Terre,et une attaque semble imminente.Le président James Dale,un tocard XXL uniquement préoccupé de son image,ne sait quelle conduite adopter et s'en remet à ses conseillers bisounours,le communicant Jerry Ross et le scientifique de service,le professeur Kessler,qui sont persuadés que ces aliens sont pacifiques.Il va pourtant vite apparaître que les extra-terrestres sont extrêmement belliqueux et ne pensent qu'à envahir la planète en massacrant tous ses habitants,ce qui n'empêche nullement les autorités de s'enferrer dans le déni et de vouloir négocier avec les affreuses créatures,laissant un carnage conséquent advenir et croître.Excellent cru que ce film produit et réalisé par Tim Burton en 96.Le formidable scénario est signé de Jonathan Gems,qui s'inspire d'un jeu de cartes autrefois très populaire aux States et fabriqué par la marque Topps.Burton ayant de la culture cinématographique,on pense aussi à ces séries B de SF paranos des années 50,notamment à un film de 53,"Les envahisseurs de la planète rouge",dont Tobe Hooper a fait un remake en 86,intitulé "L'invasion vient de Mars".Ca ressemble aussi à une version comique de "Independance Day",sorti quelques mois plus tôt."Mars attacks" est un enchantement permanent,tout étant soigné jusque dans les moindres détails.La musique ironique très old SF de Danny Elfman,l'habituel complice de Burton,donne un véritable cachet au film,tout comme les incroyables costumes de Colleen Atwood ou les étonnants effets spéciaux dus à plusieurs boîtes,dont l'incontournable ILM.Ce qui frappe avec le recul est l'identité de manifeste anarcho-réac de l'oeuvre.On ne pourrait sans doute plus faire ça aujourd'hui,mais à l'époque l'industrie du ciné n'était pas encore submergée par la dictature woke,et là on s'en donne à coeur-joie.Les élites américaines et mondiales sont décrites comme un ramassis d'incapables esclaves des lois non écrites de la communication,de politiciens nuls au cerveau défoncé par l'angélisme et entourés d'une bande de fayots,de publicitaires stupides et de scientifiques incompétents.Seul un vieux général facho qui veut absolument déclencher le feu nucléaire s'oppose à cette inertie.Sa solution,validée bien trop tard,s'avèrera inopérante mais il avait raison sur le fond.Ceci dit,le peuple n'est pas épargné non plus,constituant un magma d'abrutis gobant tranquillement toutes les conneries du Pouvoir.Ainsi qu'il est d'usage dans ce type de film,on nous présente un panel de personnages éparpillés un peu partout sur le territoire ricain,nous immergeant dans leurs vies et étudiant leurs réactions à cette situation pour le moins inhabituelle.Outre la team présidentielle,nous avons donc un entrepreneur obsédé par l'idée d'ouvrir un casino à Las Vegas,sa femme alcoolique New Age et un ancien champion de boxe ramant pour gagner quelques sous à Vegas,qui espère reconquérir son ex qui conduit des bus à Washington et galère pour maîtriser leurs deux fils ados.Il y a également une famille de prolos white trash vivant dans une caravane et un couple de journalistes en vue.Du côté Martiens c'est du top niveau avec ces petites créatures vertes franchement horribles.Manipulateurs,sadiques et impitoyables,ils roulent dans la farine ces humains débiles et ricanent diaboliquement des bons tours qu'ils leur jouent.Totalement dépourvus de conscience,ils se livrent en supplément à des expériences d'hybridation de corps atroces,ce qui les amuse fort.Et leur look est irrésistible,avec leurs tronches hideuses et leurs armes semblables à des jouets en plastique.Du coup,on éprouve une joie mauvaise à voir tous ces crétins de terriens se faire dégommer consciencieusement par ces envahisseurs qu'ils étaient si contents d'accueillir.Ca décanille de tous les côtés,on met le Capitole et la Maison-Blanche à feu et à sang,on pulvérise Big Ben,on démolit Vegas,on exécute sommairement le gouvernement français,on se fait photographier devant le Taj Mahal,on flingue les colombes,on efface les tronches des présidents Américains des Monts Rushmore pour graver à la place les bobines des caciques martiens,les trois-quarts du casting sont ratiboisés,on se croirait dans "Gremlins".Sur fond d'imitation de série B,de colorimétrie vive,de destructions massives et d'humour dévastateur,on passe un sacré bon moment.La fin respecte le cahier des charges du genre,avec le truc astucieux qui permet d'exterminer de façon étonnante les aliens.La distribution est foutrement exceptionnelle,un bataillon de stars déchaînées se bousculant au portillon pour incarner au premier degré des personnages ridicules rendus hermétiques par leurs obsessions.Jack Nicholson est la tête de gondole dans un double rôle,et s'il est très bon en promoteur un chouïa escroc,il est encore meilleur en président à moitié neuneu qui n'a rien à foutre de la sécurité de son peuple.Son épouse la Première Dame a les traits d'une Glenn Close rigide et hautaine,leur fille étant interprétée par une Natalie Portman parfaite en adolescente maussade et désabusée.Martin Short est le conseiller en communication ahuri qui va aux putes dans la limousine présidentielle,Pierce Brosnan est royal en savant fumeur de pipe aussi nul que prétentieux,Michael J. Fox et Sarah Jessica Parker forment un couple de journalistes extravagant,lui étant compétent mais se voyant préférer pour les grands reportages sa bécasse de compagne.Annette Bening est hilarante en idiote fan des Martiens et Rod Steiger ne l'est pas moins en vieille baderne belliqueuse.Danny DeVito est peu présent en avocat accro au jeu et Tom Jones joue son propre rôle,chantant son tube "It's not unusual" dans un casino.Lukas Haas est très bien en jeune homme empathique s'occupant de sa grand-mère à l'ouest incarnée par Sylvia Sidney,que Burton avait sortie de sa semi-retraite en 88 pour "Beetlejuice" et qui décèdera en 99.Un tout jeune Jack Black crève l'écran en soldat ultra patriote qui ira se faire occire comme un con après s'être pris sa dose de propagande,et Christina Applegate est sa copine plutôt chaude.Paul Winfield est un général fayot pas malin,et la production a embauché de vrais routards du bis comme Jim Brown,excellent en ex boxeur aux abois financièrement,Pam Grier qui est son épouse vaillante,ou Joe Don Baker,vedette de polars violents dans les 70's.On note des caméos de réalisateurs,Jerzy Skolimowski en scientifique et Barbet Schroeder en président français,alors que la voix de la machine à traduire est celle de Roger L. Jackson,un spécialiste de l'exercice puisqu'il sera plus tard celle de Ghostface dans les "Scream".Notes et critiques de films de Tim Burton publiées précédemment:voir critique "Dumbo".Nouvelle moyenne:6,8.