Dangereuse réalité ...

Sundance a cette capacité (ou ce défaut comme en témoigne "Another Earth") de faire connaître des films insignifiants au premier abord, pour leur permettre de dévoiler tout ce qu'ils peuvent avoir d'intéressants.
Bien que "Martha Marcy May Marlene" comporte des défauts, il contient aussi des qualités indéniables, c'est un film très Sundance en somme.

Dépeindre l'environnement sectaire et en aborder les diverses thématiques, n'est pas franchement évident à faire. Si le film peut au moins se targuer d'avoir une qualité première, c'est bien dans sa capacité à réussir le challenge, malgré un manque de rythme assez redondant. Néanmoins le métrage joue sur les contrastes pour mieux mettre en abîme son public, mais ne nous y trompons pas car bien que le tout soit conditionné comme un thriller, c'est pourtant bien plus vers le film d'auteur que ce dernier pourrait se situer tant les thèmes qu'ils abordent sont chers à ce genre, sans oublier évidemment la mise en scène très particulière et astucieuse.
Paranoïa, fuite et tentative de reconstruction personnelle sont des thèmes propres au thriller, cependant des thèmes comme la routine, annihilation de personnalité, domination et confusion des réalités sont plus proches du film d'auteur. Le long-métrage jongle sans cesse entre ces deux tableaux, parvenant à les rendre tous les deux cohérents et intéressants. Contrairement à certaines prises de risques totalement vaines, comme la fin que l'on voit venir à des kilomètres, ou bien les flash-backs à répétition.
Cependant parmi tout cela se démarque la qualité d'une mise en scène réfléchie et soignée. Chaque moment de flash-back est facilement dissociable de l'action présente, et ce sans transitions diverses. Le film a pourtant beau savoir où il va, il n'arrive malheureusement jamais à son point final. Est-ce un choix scénaristique ? Probablement. Mais est-ce que cela est judicieux ? Pas vraiment.

Côté casting nous avons en revanche d'excellentes performances, Elizabeth Olsen se donne corps et âme dans une composition particulière presque malsaine, ou dérangeante tout du moins. Sarah Paulson campe également un rôle tout à fait convaincant, il me semble avoir vu l'actrice dans "Desperate Housewives" d'ailleurs. Mais c'est indéniablement John Hawkes qui s'en sort le mieux, l'acteur que je ne connais absolument pas, impose beaucoup par son charisme.

Sean Durkin nous livre donc ce "Martha Marcy May Marlene", un film au final assez bancal dans son rythme et certains choix, mais suffisamment soigné au niveau de la mise en scène et des performances d'acteurs pour qu'il mérite que l'on se penche sur son cas.