Massacre à la tronçonneuse n'est pas seulement un film, c'est une expérience sensorielle, un choc frontal qui a redéfini le cinéma d'horreur. Tobe Hooper livre ici, avec des moyens dérisoires mais une vision implacable, un chef-d'œuvre de l'épouvante qui n'a rien perdu de sa puissance brute, même cinquante et un ans après sa sortie.
Ce qui frappe avant tout, c'est son atmosphère. Loin d'être un festival de gore (contrairement à sa réputation, le film suggère plus qu'il ne montre), le film instaure une ambiance suffocante, moite et sale, typique du Texas brûlant et de l'Amérique rurale désaxée post-Vietnam. La cinématographie granuleuse, le sound design discordant et le jeu fiévreux des acteurs (notamment l'incroyable performance de Marilyn Burns, la scream queen par excellence) confèrent au film une authenticité documentaire terrifiante. On sent la crasse, la sueur et la décomposition.Leatherface et sa famille sont moins des monstres que le reflet tordu et dégénéré du rêve américain déchu, des figures d'une barbarie primitive et désespérée. La fameuse scène du dîner est un sommet d'horreur psychologique et de malaise, une plongée dans la folie domestique qui rend l'insoutenable hilarant et l'horreur intime.
C'est un film qui ne vous lâche pas. La course-poursuite finale et le rire hystérique de l'unique survivante sont gravés dans l'histoire du cinéma, offrant une conclusion sans répit ni catharsis, l'image iconique d'un mal qui triomphe et s'enfuit en pleine lumière.
Conclusion : Massacre à la tronçonneuse est un jalon indispensable, un classique absolu. Pour sa mise en scène radicale, son impact durable et sa capacité à terrifier sans verser des hectolitres de sang, il mérite amplement sa place au panthéon des plus grands films d'horreur. Un 9/10 sans hésitation.