Revoir Massacre à la tronçonneuse 2 est une expérience. On se retrouve devant une espèce de trip horrifique bien gratiné, hésitant souvent entre le nanar pur et dur (la course-poursuite d’ouverture, l’achat des tronçonneuses...) et le summum de l’horreur craignos (toute la seconde moitié du film).
Réalisé par Tobe Hooper, plus de dix ans après son légendaire premier opus, The Texas Chainsaw Massacre 2 se veut être une suite très éloignée de la tonalité premier degré du premier film. Porté par la présence d’un Dennis Hopper en roue libre (et probablement sous coke), le film tout entier se regarde et s’apprécie comme un long ride horrifique en constant équilibre entre sérieux et dérision, blindé d’humour noir et de morceaux grand-guignolesques.
Cette suite a d’ailleurs longtemps trainé sa réputation de navet avant d’être réévaluée à l’aune de ses nombreuses qualités. Avec le recul, il parait évident que Hooper a tout fait pour ne pas sombrer dans la redite et copier bêtement le premier film. Certainement influencé par l’émergence d’un cinéma d’horreur semi-humoristique (les films de Sam Raimi, les Freddy, l’arrivée de Peter Jackson et ses excès trash), il a voulu contourner les attentes et livrer une péloche complètement barrée mais techniquement maîtrisée, blindée de couleurs bariolées, de silhouettes inquiétantes, de symbolique sexuelle vicelarde et de décors dantesques. Rob Zombie s’en souviendra lors du final de son La Maison des 1000 morts (dans lequel il réemploiera d’ailleurs l’acteur Bill Moseley incarnant ici le déjanté Chop Top). Ne cachant jamais l’influence qu’avait eu l’oeuvre de Hooper sur lui, Zombie reprendra même la trame de fond de Massacre à la tronçonneuse 2 pour son The Devil’s rejects (un flic vengeur poursuit une famille de timbrés pour venger la mort de son frère).
A contrario, d’autres cinéastes plus récents auront nié l’existence de cette suite en proposant leur propre suite du premier film (Massacre à la tronçonneuse 3D et le Massacre à la tronçonneuse produit pour Netflix). Ce qui prouve à quel point ce second opus n’a pas fait l’unanimité.
Peu importe. S’il n’est pas une absolue réussite, Massacre à la tronçonneuse 2 n’en est pas moins un bon gros film d’horreur.
Son dernier acte tient d’ailleurs du gros délire chromatique et fou furieux, Hooper allant jusqu’à boucler son film en inversant l’image finale du premier film (ici c’est la scream queen et final girl qui tournoie sur elle-même en brandissant la tronçonneuse). Une façon pour le réalisateur de tendre un gros majeur aux critiques qui l’attendaient au tournant, et même, peut-être, à l’industrie hollywoodienne qui venait quasiment de lui enlever la paternité de son Poltergeist.
T’as bien fait Tobe. Qu’ils aillent se faire tronçonner.