The Funhouse est pour moi à mi-chemin entre le film de gosse et l'hommage à tout un univers fantastique et horrifique, tout en essayant de ne pas être un énième slasher semblable à tous ceux foisonnant alors.


Film de gosse de par son environnement, une fête foraine, et l'idée lumineuse de l'un des quatre protagonistes que nous suivrons "Tiens ! Et si on se cachait dans le train fantôme pour passer la nuit dans les lieux ?". Le fait que le petit frère de l'héroïne sorte en cachette de la maison pour suivre son aînée sur les lieux de la "fête" finit de me conforter dans cette idée. Idée peu exploitée par la suite, peut-être Hooper trouva-t-il ce gamin trop tête à claque, à juste titre.


Hommage dès la scène d'intro à deux films fondateurs du genre : Halloween et Psychose. Ultra appuyé, le clin d'oeil ne tourne pas du tout comme nous aurions pu nous y attendre et l'on sent presque le sourire narquois de Tobe Hooper aux commandes, bien content de nous avoir berné. Suivrons, les décors et personnages de la foire aidant, moult références : Dracula, Frankenstein et sa fiancée, King Kong, l'atmosphère de Freaks, la monstrueuse parade planant également sur la pellicule.


Produit par Universal, on se tape donc un scénario de départ assez basique, pour ne pas dire copié-collé sur tous les films d'horreur qui fonctionnent à l'époque : quatre jeunes se rendent à la fête foraine. Amy, jeune-fille bien sous tout rapport (comprendre "elle est vierge et on nous le fait savoir") qui a désobéit à son père pour retrouver son petit-ami Buzz, le beau-gosse pas finaud du coin. Ils sont accompagnés de Liz et Richie, elle aussi délurée que lui est insupportable. Autant vous dire qu'il y a peu de doute quant à qui va s'en sortir ou pas. On a même droit à la vieille folle qui leur rappelle que "Dieu voit tout ce que vous faîtes !". Oui, oui, merci madame, retournez donc nourrir vos dix-sept chats.
Hooper tente malgré tout de s'affranchir un peu des codes en faisant d'Amy un peu plus qu'une gentille benête et rendant Buzz plus (m'enfin juste un petit peu) sensible qu'il ne le parait de prime abord.


Ces quatre larrons se font donc volontairement enfermer à l'intérieur de l'une des attractions et c'est là que tout part en vrille. On ne s'en serait pas douté, tiens. Ils assisteront impuissants à un meurtre commis par le fils du patron des forains. Ce fils qui se baladait jusqu'ici avec un masque du monstre de Frankenstein révèle alors son vrai visage : celui d'un homme souffrant d'une affreuse difformité physique, le rendant encore plus monstrueux sans son déguisement.
Réussissant à nous effrayer, ce "monstre" parvient aussi par moment à nous faire avoir pitié de lui tant l'on sent clairement que c'est sa condition qui l'a rendu mauvais, privé de toute affection comme il l'a toujours été par un père violent et alcoolique.


Tobe Hooper livre de ce fait un film plutôt efficace, misant non pas sur le gore mais sur des ambiances flirtant tour à tour avec le grotesque, le malsain et l'angoissant, comme il aimait déjà à le faire avec plus ou moins de réussite sur ses précédentes œuvres. Le film, après son introduction, peine un peu à démarrer, mais une fois que c'est fait, livre certaines scènes très réussies, comme celle du meurtre dans un conduit d'aération, à l'éclairage et à la mise en scène au poil.


Le film gagne un point supplémentaire ne serait-ce que grâce à sa fin, une scène très ép(r)ouvante où Amy doit combattre le monstre, seule, pour survivre (en somme la métaphore de son passage à l'âge adulte) dans les sous-sols et les rouages des attractions et le film se conclue au lever du jour, les forains remballant leurs affaires dans la triste lumière blafarde de l'aurore.


Un plutôt bon film donc, compensant son scénario trop classique par une mise en scène efficace et plutôt originale. A voir pour les fans d'horreur ou ceux voulant se remettre du Crocodile de la Mort.

Pravda
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le 30 avr. 2014

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Pravda

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