The last wave.

Suite au gadin historique de "L'île aux pirates", l'épopée maritime n'avait franchement plus la côte à Hollywood, jusqu'au succès surprise du premier "Pirates des Caraïbes". C'est dans cette plénitude retrouvée que sort "Master and commander", librement adapté des romans de Patrick O'Brian, la production décidant cependant de remplacer le conflit anglo-américain par les guerres napoléoniennes, histoire de ne pas se mettre son public à dos et puis, bon, c'est toujours plus sympa de taper sur ce gros con de français, n'est-il pas ?

Cinéaste du ressenti, illustrant sans cesse les conflits entre l'homme moderne et son environnement, Peter Weir profite à nouveau d'un genre bien précis (ici le film de flibustiers) pour mettre en images ses obsessions, pour s'attarder sur les tourments intérieurs de ses personnages et les confronter à une nature plutôt hostile. Le cinéaste joue ainsi avec les contrastes tout au long de son film, opposant deux visions du monde (la conquête face à l'observation) finalement assez proches l'une de l'autre, mettant face à face les tourments de l'océan et la plénitude de la terre ferme, quand ce n'est pas les deux facettes d'un même personnage, où cohabitent à la fois devoir du soldat et aspiration à la paix.

Bénéficiant d'une reconstitution de toute beauté, d'un casting impeccable mélangeant gueules burinées et visages juvéniles porté par la force tranquille de Russel Crowe, et d'une partition musicale absolument magnifique, "Master and commander", s'il souffre de longueurs, n'en oublie pas pour autant le spectacle, proposant une poignée de séquences grisantes et spectaculaires, Peter Weir retrouvant même pendant un court instant le doux parfum surnaturel qui émanait de son sublime "Pique-nique à Hanging Rock".