Megalopolis porte bien son nom, c'est une certitude. Il y a une véritable forme de mégalomanie que d'avoir voulu dépeindre une telle fresque. Traitant d'innombrables sujets sur l'humanité et la société sous fond de philosophie grecquo-romaine, un coup c'est Plutarque, un coup c'est Marc-Aurèle. C'est pas toujours évident de suivre les conversations sans un certain bagage et ça peut décontenancer, ça peut même paraître pompeux par moment, volontairement ou pas. On pourrait aussi rajouter qu'il y a une forme de naïveté dans la morale ( qui est pourtant seulement humaniste et teintée d'optimisme ). Et y mettre une dernière couche en parlant du kitsch de certaines scènes, volontairement cette fois-ci. Mais bordel qu'est-ce que c'est beau à regarder sur grand écran !
Sans déconner, esthétiquement parlant, c'est calibré pour le grand écran, c'est véritablement du cinéma. Alors certains parleront de la 3D par-ci, du fond vert par-là, mais dans la composition des plans, dans les angles trouvés, dans le jeu de lumière, dans les libertés de cadrage, le papy il a encore de la créativité à son âge ! Un bon point pour Coppola.
Par rapport au casting XXL, ayant été à l'aveuglette voir ce film, j'étais heureux de retrouver un Fishburne ou un Esposito ou encore ce bon vieux Hoffman. J'ai trouvé que dans l'ensemble, le casting était réussi et l'acting de haut niveau. Très théâtral, très à l'américaine.
Chaque personnage interprétant une forme d'allégorie. Adam Driver la science, Esposito la politique, Hoffman la richesse, John Voigt la philanthropie, Aubrey Plaza les médias, Emmanuel l'amour, VanderWaal le divertissement, etc etc
Ca peut paraître grossier par moment, avec la subtilité d'un Depardieu dans un buffet à volonté, mais cela reste cohérent dans l'idée de vouloir brosser un tableau de notre société moderne en un peu plus de 2h de film.
Notons quelques touches d'humour burlesque et une scène de fin pour John Voigt frôlant le génie d'absurdité avant le grand final qui sera trop niais pour certains quand d'autres y verront une forme d'espoir. Ce film connait des véritables fulgurances, tutoyant l'excellence par moment tout en étant inconstant, à l'image d'une courbe sur un moniteur patient.
Je rejoins les avis des gens décrivant ce film comme clivant, on aime ou on n'aime pas. Mais il ne laissera pas insensible et je réitère, esthétiquement parlant, c'est un beau film.
Pour conclure, j'aurais aimé éviter de pérorer en citant une phrase du film philosophico-pompeuse du style :
" Le but de la vie n'est pas d'être du côté de la majorité, mais d'éviter de se retrouver dans les rangs des fous. "
Mais puisque je viens de la copier/coller, j'en profite pour rebondir dessus afin d'expliquer Ô comment Coppola ne se range ni dans la première case, ni dans la seconde, c'est juste un véritable artiste de son époque avec l'ego d'un artiste de son envergure, et artistiquement parlant, on peut lui tirer notre chapeau, faire ce qu'il fait à son âge, la créativité n'a pas d'âge !