Bukowski en fin de vie, concrétisant une incroyable existence avec une mise à l'écran de ses écrits : Barfly, film dignement hollywoodien.
Il y a quelque chose de poétique dans ce livre incroyablement doux, comparé à ce qu'on connait de l'écriture de Buko. Et c'est surement dû à l'âge. Le taulier devient plus sage, s'essaie à une narration plus classique tout en se permettant de légères digressions savoureuses et des analyse de l'humain toujours aussi fine.
On retrouve donc Charles dans ce microcosme hollywoodien, bourré d'égos surdimensionnés permettant de mettre le sien au second rang. Une histoire qui nous plonge dans la création d'un film, du stade d'idée à celui de film projeté au cinéma. On s'amuse à deviner qui se cache derrière tel ou tel nom inventé. Et on découvre un Buko qui se redécouvre lui-même en écrivant un scénario d'une partie de sa vie. Avec le retour de ce dernier face à cette oeuvre si intime pour lui.
Lui qui a été marginalisé toute sa vie et qui a erré dans les lieux les plus sordides, le voilà en tête d'affiche à Hollywood, écrivant un film sur sa misérable vie. Son heure de gloire est enfin arrivé, il goute a la joie des strass et des paillettes comme pour se moquer de lui-même, comme pour célébrer un jubilé d'un passage sur terre hors-norme et qui ne laissait en aucun cas présager une telle fin. C'est touchant à lire, tout en simplicité. Très épuré dans l'écriture avec un style minimaliste, comme si il avait baissé le curseur de son style si propre à lui, devant tant de surprise que de se voir en tête d'affiche hollywoodienne.
Hollywood est un excellent Bukowski, il sortira par la suite Pulp, plus "emblématique" de son écriture. Cela dit, c'est un plaisir que de le lire en humain heureux, presque fier de lui, avec un brin de nostalgie, lui qui nous a toujours raconté ses déboires, il a terminé sur le Grand Ecran.