On ne peut pas en vouloir à ce film, ni mal le noter sur sa facette choquante et quasi traumatisante puisqu’il répond parfaitement à la dynamique de l’horreur. Alors les chialeuses qui s’accordent à dire que ce film est trop violent, passez le chemin et allez vous consoler dans les bras inanimés des Annabelle et compagnie.
Oui, ce film est fait pour choquer. Je dirais même qu’il est volontairement brutalisant en nous engageant (biensur contre notre volonté) dans l’histoire de deux adolescentes par l’utilisation d’un scénario « found-footage » qui finit presque par nous convaincre que les images sont tout droit sorties des archives. A vrai dire, le réalisateur est un génie. Point de vue totalement justifié puisqu’il arrive à créer un bouquet émotionnel cinématographique, à la fois en dénonçant l’innocence et l’inconscience adolescente, et en nous faisant vivre une multitude de sentiments:
La joie d’une amitié plutôt sympa, avec des actrices qui sont plutôt bonnes dans leurs rôles,
la colère du rejet que vit l’une d’elles, le harcèlement, le lynchage qu’elle subit.
La tristesse, l’attendrissement suite aux révélations sur le passé de Megan, expliquant parfaitement bien d’un point de vue psychologique ses comportements à risques.
L’angoisse que vient semer le personnage de Josh, visage qui n’apparaîtra jamais à l’écran et qui renforce d’autant plus l’anonymat et l’universalité des histoires de kidnapping.
Puis la peur, l’effroi. Plus que ça, je dirais qu’on se heurte véritablement à notre instinct de survie. Ce film vient lacérer notre naïveté et nos espoirs et laisse régner en nous un véritable chaos.
Pas besoin de musique qui nous perfore les oreilles et des screamer, des monstres et des poupées diaboliques : l’humain et ses vices suffisent amplement à nous terroriser.
C’est bien simple, une des scènes qui m’a fait le plus hurler c’est l’entrée d’un bras dans le champ. Un bras. Oui oui.
Certes, le film obéit à une gradation nous entraînant un peu plus dans l’horreur, et nous finissons très vite par être littéralement forcés à voir des choses qu’on aurait préféré jamais voir, mais la gravité des sujets évoqués soit l’enlèvement, la séquestration et le viol sur mineurs ne sont pas censés être traités à l’image d’une comédie musicale...
Il répond à des réalités qui nous concernent tous, et d’autant plus importantes de nos jours avec les réseaux sociaux et l’accès prématuré à internet pour les jeunes, je me suis totalement identifiée à Megan et à sa quête d’attention et d’affection virtuelle. Et c’est ça qui fait peur.
Le réalisateur nous laisse des pauses de tranquillité assez courtes afin de mieux nous saisir par la suite, sans oublier sa scène de fin qui dure presque 25 minutes et qui rend tout son sens à l’histoire du psychopathe dénué d’émotions et à l’amitié de deux adolescentes qui finiront ensemble six pieds sous terre.
Je ne peux que recommander ce film, qui pour moi et à mon humble avis, est un monument du film l’horreur et détrône largement le projet Blair Witch qui s’apparente à côté de Megan is Missing à de la pisse de chat.